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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/221

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La prédication chez les protestans est simple, populaire, insinuante, remplie de détails fins, propres à être saisis par tous les esprits & par tous les caracteres : elle n’est ni orgueilleuse ni dure ; la controverse, source de tant de querelles, en est bannie. Ces discours prononcés au peuple chaque dimanche font une partie considérable du culte. Le catholique, le luthérien, l’anglican peuvent les entendre avec édification ; & plus d’un bon pasteur espere qu’un jour tous les chrétiens réunis prieront Dieu de la même maniere.

Les prédicateurs catholiques, qui affectent de dédaigner les prédicateurs protestans, ne les connoissent pas ; ou bien ils obéissent aux préjugés que leur inspire quelquefois leur double état de prêtre & d’écrivain académique. Jacques Saurin, sans parler des autres, vaut pour le moins Bourdaloue. On trouve dans tous ses discours des traits de la plus forte éloquence. On citera toujours sa sublime apostrophe à Louis XIV : Et toi, prince que j’honorai jadis comme mon roi, & que je respecte