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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/237

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seroit remis à leur frippier de l’abbaye Saint-Germain. On estima qu’il retirerent de ces guenilles au moins deux louis. Tel étoit le résultat d’une infinité de trocs particuliers faits en parcourant les rues & les carrefours.

Ces gueux demanderent encore du vin, dont ils bûrent vingt-deux pots ; plus quatre bouteilles d’eau-de-vie ; ils consommerent aussi deux livres de sucre, un quarteron de tabac à fumer, seize cotterets & fagots.

De ces femmes, plusieurs avoient des enfans qu’elles allaitoient & torchoient. Les chiens étoient de la partie, & c’étoit à qui leur feroit une pâtée abondante. Ces gueux me parurent aimer singulierement leurs chiens ; car ils les embrassoient & leur parloient avec une affection sentimentale que n’a pas la plus jolie femme baisant son épagneul.

Je vis entrer un habit noir, qui paroissoit le chef calculateur ; il régla les comptes, distribua l’argent, & parla long-tems des affaires de la société. Il s’agissoit de trafiquer des lambeaux d’étoffe, de vieilles hardes, & de les