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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/272

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trois liards de lait. Si les laitieres manquoient d’arriver à l’heure, ce seroit une famine dans les déjeûnés féminins. À neuf heures, tout le lait aqueux est distribué.

Cette consommation est devenue considérable, depuis que le peuple, ne sachant plus que boire vu les impôts & la falsification, a pris un goût effréné pour le café ; c’est une habitude journaliere dans les trois quarts des maisons de la ville[1].

  1. Dans les montagnes de la Suisse, sur les rochers escarpés, où le luxe le plus ordinaire n’a pas encore pénétré, l'on trouve l’usage du café au lait poussé jusqu’à l’excès. De quel étonnement ne suis-je pas frappé en voyant chez des pâtres la cafetiere, le moulin à café, le sucrier, parmi les ustensiles de premiere nécessité ! D’où vient que le goût de cette boisson a pris si généralement & presqu’à la même époque dans des climats différens ? C’est une fureur. Mais que la Suisse pauvre paie un tribut aussi considérable à l’opulente Amérique, n’y a-t-il pas lieu d’admirer la fortune de cette feve qui donne à la canne à sucre un débouché nouveau & prodigieux ? Les harengeres