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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/310

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trions nous font dire en d’autres termes : « ce chien avoit une si belle queue ! Quelle fantaisie prend à cet Alcibiade de la lui couper ? Il a dégradé le plus bel animal du monde ; c’est un fantasque, c’est un fou. »

Alcibiade, dans son char doré, portoit un Cupidon armé du foudre : cette devise, qui n’est pas ordinaire, il sut la rendre respectable. Mais ne comptons pas trop sur nos Alcibiades : nos guerriers, à ce qu’on dit, s’efféminent dans ces voluptés trop exquises. Ils auront le même courage : d’accord ; mais auront-ils la force & la santé qui supportent les travaux de la guerre ? Sur le champ de bataille, ne se rappelleront-ils pas ces arts qui amollissent l’ame involontairement ?

On y achete, année commune, pour près de quatre millions d’ariettes, en y comprenant les violons, les hautbois, les flûtes & les bassons ; cela est un peu cher. La poésie, y compris l’art dramatique, coûte infiniment moins. Il y a trop de musiciens. On a maintenant le droit, pour son argent, de se montrer très-difficile.