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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/47

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dres, marche la tête haute, se donne les airs d’un républicain ; mais gardez-vous d’entrer en conversation sérieuse avec lui, car vous ne trouverez pas plus de lumieres dans sa tête, que dans celle d’un huissier-audiencier au Châtelet de Paris.

Reprends, mon jeune étourdi, reprends ton habillement françois ; mets des dentelles ; que ta veste soit brodée ; galonne ton habit ; fais-toi coëffer à l’oiseau royal ; porte un petit chapeau sous le bras, deux montres avec leurs breloques. Ce n’est pas assez de prendre l’habit des gens, pour en avoir l’esprit & le caractere. Retiens ton costume national, il te sied ; c’est sous cette livrée que tu dois parler sans rien dire, déraisonner agréablement sur tout, & étaler les graces de ta profonde ignorance.

Ne prendrons-nous jamais des Anglois que l’habit ? Ils ont des fats, mais leur fatuité tient à l’orgueil, & les nôtres n’obéissent qu’à une puérile vanité. Ils ont des hommes vicieux ; mais ils le sont là moins qu’ailleurs, parce