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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/5

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dehors de la décence, se rendent aussi dans ces maisons, où le libertinage est fort à son aise.

D’autres matrônes distribuent des adresses, n’appellent les filles qu’au besoin, & les colportent en fiacre le matin chez les vieux garçons, les hypocondres, les goutteux, les ennuyés & les jeunes gens blasés.

L’expérience leur ayant appris à deviner les caprices & les fantaisies des hommes, elles font jouer toutes sortes de rôles à leurs filles. La marchande de modes devient une petite villageoise nouvellement débarquée ; l’ouvriere en linge est une timide provinciale toute neuve, qui a fui la cruauté insigne d’une belle-mere impérieuse. Le langage répond à l’habillement. Comme nos plaisirs dépendent beaucoup de l’imagination, les hommes trompés n’en sont pas moins satisfaits.

Viennent ensuite les matrônes qui ont entrepris un serrail en grand. Vous y verrez ensemble ou tour-à-tour la façonnée, l’artificielle, la niaise, l’alerte, l’éveillée, l’acha-