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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/63

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L’orateur qu’il a choisi se leve, calme les esprits courroucés, pérore, harangue, fait l’éloge du débiteur, vante sa probité. Dans l’assemblée tumultueuse se trouve un créancier qui s’annonce sous les apparences imposantes d’un homme ruiné ; il a la fureur dans les yeux, & l’injure à la bouche. Il commence par tonner contre les banqueroutes. Lorsqu’il a échauffé les esprits par des tableaux qui annoncent qu’il faut prendre un parti violent, il s’interrompt brusquement, & changeant de ton, il dit d’une voix basse & dissimulée : oui, messieurs, je vous le répete, il ne faudroit aucune pitié contre ces débiteurs qui ruinent le commerce & lui portent chaque jour des coups si terribles. Cependant, messieurs, je dois vous observer que la marche qu’il faut suivre pour arriver à ce but effrayant est longue, incertaine & dispendieuse. On expose les débris de la fortune du débiteur à être dévorés par les frais, & l’on doit craindre d’être forcé de sacrifier des capitaux utiles à des poursuites douteuses. Je suis donc d’avis,