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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/65

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Ce n’est point un roman que nous traçons ; ce sont d’affligeantes vérités. Comment l’astuce & la duplicité sont-elles venues à bout d’éluder à ce point les précautions du législateur, & de tourner contre la sûreté du commerce une loi humaine dans son origine, mais qui est totalement annullée par la malice & la perfidie ?

Nous avons peint le banqueroutier jusqu’au moment du contrat qu’il fait avec ses créanciers ; mais le tableau seroit imparfait, si nous ne le montrions pas après cette époque.

Si l’on imagine qu’il sera modeste, qu’une honnête pudeur couvrira son front, qu’une sage prudence déterminera ses actions, on se trompe. On le verra pousser l’impudence & l’oubli de toutes les bienséances jusqu’au point d’afficher une dépense plus considérable ; on le verra continuer son commerce, & en étendre même les branches avec une audace téméraire. Plusieurs, après avoir fait une cession générale de leurs biens, sont montés le lendemain dans un carrosse, ont pris un hôtel