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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/68

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CHAPITRE DLIII.

Courtiers.


Qui pourroit nombrer la foule de ces ministres de l’usure, qui courent toute la ville pour découvrir & reconnoître ceux qui sont tourmentés par des besoins pécuniaires ? Leur métier est de faire prêter de l’argent, & leur premier mot est toujours qu’ils n’ont point d’argent.

La moitié des Parisiens brame après l’espece monnoyée : où est-elle ? Il y a trente fois plus de papier que d’argent. Comment rafraîchir une terre perpétuellement altérée ? Les courtiers sont ceux qui portent l’arrosoir, ils savent où puiser. Infatigables commis des agens de change & des capitalistes, ils rient de notre détresse, & songent à en tirer tout le parti possible.

L’homme qui vous propose de l’argent a l’air hâve, famélique ; il porte un habit usé. Il est toujours las ; il s’assied en entrant : car