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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/75

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tail noirci, les cloches énormes, les escaliers tortueux, les antiques vitraux, la sculpture rongée, tout me fait rétrograder dans les siecles écoulés. Je redescends, je me promene, je ne puis plus quitter les dehors ni les dedans de ce temple auguste. Je repasse vingt fois devant ces objets vastes & mélancoliques ; & quand la musique du chœur se mêle au son majestueux des cloches, que le cul-de-jatte, gardien du bénitier, m’alonge une longue perche pour me donner de l’eau benite, tout me paroît dans une proportion égale ; & mon ame plus élevée, prie Dieu de meilleur cœur dans l’église Notre-Dame que dans tout autre temple.

J’ai vu avec regret qu’on avoit reblanchi cette église, qui me plaisoit beaucoup mieux lorsque ses murailles portoient la teinte vénérable de leur antiquité. Ce demi-jour ténébreux invitoit l’ame à se recueillir ; les murs m’annonçoient les premiers jours de la monarchie. Je ne vois plus dans l’intérieur qu’un temple neuf ; les temples doivent être vieux.