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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/89

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grand chœur ; mais cela ne touche personne, religieusement parlant. Lorsque la même voix qui a chanté la veille le rôle d’Armide ou d’Iphigénie, chante un verset d’un pseaume du roi David, le roi David a l’air un peu profane. Quinault & le psalmiste, dans la bouche de la même actrice, font sourire l’imagination. Tous ces motets deviennent des représentations vraiment théatrales. On bat des mains, & l’on parle d’un cantique sacré comme d’une ariette dans le goût italien.

Quelqu’aguerri que soit l’observateur aux singulieres contradictions de nos coutumes, il ne se fait pas à l’idée de voir les membres excommuniés de l’opéra chanter sous des parures mondaines, ces pseaumes que les prêtres chantent le même jour en habits sacerdotaux dans les temples, où la multitude recueillie se prosterne & adore.

La chanteuse ne comprend pas toujours le sens des paroles qu’elle profere ; mais elle obéit à la note, & beaucoup de gens n’ont point entendu dans toute leur vie d’autres