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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/94

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un courtaut de boutique gagner douze millions, un commis vingt-cinq, un ex-laquais dix-huit, sans compter les fortunes subalternes de six à sept millions, qui sont venues engraisser des hommes de la plus basse extraction, sans que leurs travaux aient honoré ou servi la patrie. Un travail obscur, une science particuliere & infernale, voilà ce qui a tout-à-coup décoré & élevé au-dessus de nos têtes ces hommes de néant. Qui festinat ditari, non erit innocens.

Encore si l’on pouvoit compter quelques fondations utiles, quelque bienfait au public ; ou si leur excessive opulence s’écartoit dans son emploi des puérilités d’un luxe petit & concentré, on leur pardonneroit leurs richesses. Mais non ; ils jouissent seuls, ils jouissent dans le cercle étroit de quelques parasites. Comme tout leur est venu par le jeu voilé d’un rampant & vil égoïsme, n’attendez pas que ces insolens millionnaires laissent après eux un monument qui serve à sauver leur nom d’un juste opprobre. Les richesses d’un