Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VII, 1783.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 94 )

mais les murailles de ces prisons sacrées séparent les victimes de toutes les idées régnantes.

Quelques directeurs ont droit de contrôle sur l’administration de cet empire. Un mêlange adroit de décence & de mondanité les en rend le génie tutélaire.

On voit d’un côté la plus implicite obéissance, & de l’autre les petitesses du commandement. Ajoutez ensuite le désespoir du plus grand nombre, la résignation pacifique de quelques-unes, & l’abrutissement d’esprit des plus spirituelles. Là le devoir n’est plus qu’une routine ; on fait le bien par contrainte & sans goût ; on prie sans savoir ce que l’on demande, & l’on se mortifie pour obéir à la regle.

L’habitude adoucit un peu le joug ; mais les imaginations ne sont pas assujetties. On apprend aux novices à craindre le démon, tellement qu’elles désapprennent à aimer Dieu. On leur fait faire par terreur ce qu’elles auroient fait par amour.