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Page:Mercure de France - 1896 - Tome 17.djvu/190

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Falk, selève le verre en main et chante

Dans le jardin abrité, le jour ensoleillé
a été fait pour ton plaisir et ta joie ;
ne pense pas à ce que les dons de la récolte
parfois ont trahi les promesses du printemps,
La fleur du poirier, blanche et jolie,
s’étend au-dessus de toi en arceaux.
Laisse-la donc le long de tous les coteaux
s’éparpiller par les rafales un prochain soir !

chœur des hommes

Laisse-la donc le long de tous les coteaux

Falk

Que veux-tu demander des fruits
lorsque les arbres sont en fleurs ?
Pourquoi soupirer, pourquoi se soucier,
usé par la fatigue et la peine ?
Pourquoi poser des épouvantails
qui cliquètent jour et nuit sur leur perche !
Gais frères, la voix des oiseaux
a pourtant un plus beau son !

les hommes

Gais frères, la voix des oiseaux
etc.

Falk

Pourquoi veux-tu chasser le moineau
de tes riches branches fleuries !
Laisse-le d’abord, pour prix du chant, prendre
tes espérances, l’une après l’autre.
Crois-moi, tu sais que tu gagnes à l’échange,
troquant une chanson contre un fruit tardif ;
souviens-toi du proverbe « le temps s’écoule » ;
bientôt le bocage de plein air te sera fermé.

les hommes

Souviens-toi du proverbe « le temps s’écoule » ;
etc.

Falk

Je veux vivre, je veux chanter
jusqu’à ce que meure la dernière verdure,
balayer, confiant, tout en un monceau,
et rejeter bien loin toute parade.
Bas les barrières ; que moutons et génisses
à l’envi se repaissent gloutonnement ;
j’ai brisé la fleur ; qu’importe
ceux qui jouissent des restes des morts !