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Page:Mercure de France - 1896 - Tome 17.djvu/197

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Mme Halm

— Et ses héritiers.

Falk

— Pour les amuser auparavant un peu, les pauvres, — car ensuite il aura les deux mains pleines de la question suédoise et de tout le tannage ministériel ; oui, je comprends.

Mme Halm

— Voilà un homme, Monsieur Falk !

Guldstad

— Oui ; dans sa jeunesse, c’était un coquin.

Mlle Skære, blessée

— Oui-dà, Monsieur Guldstad ! Quand j’étais petite, j’en ai pourtant toujours entendu parler avec grand respect, — et cela par des gens dont la parole a grand poids, — du prêtre Straamand et du roman de sa vie.

Guldstad, riant

— Roman ?

Mlle Skære

— Roman. J’appelle ainsi romanesque ce qui ne peut pas être apprécié par tout le monde.

Falk

— Vous excitez ma curiosité sans bornes.

Mlle Skære, continuant

— Mais, mon Dieu, il y a toujours des gens qui devant l’émotion s’excitent à la raillerie ! Il est bien connu qu’il y avait un jeune homme, un simple étudiant qui était assez insolent, impertinent, misérable, pour critiquer même William Russell [1].

Falk

— Mais voyons, ce prêtre de campagne est-il donc un poème, un drame chrétien, ou quelque chose de semblable ?

Mlle Skære, émue jusqu’aux larmes

— Non, Falk, — un homme, au cœur riche. Mais si une chose pour ainsi dire morte peut exciter une pareille malignité et éveiller une foule de vilains sentiments avec une telle profondeur —

Falk, prenant part

— Et une telle longueur —

Mlle Skære

— Alors, avec votre jugement, vous pouvez saisir que —

Falk

— Oui, c’est très clair. Mais ce qui m’apparait moins nettement, c’est le contenu du roman et son genre. Je puis bien juger qu’il est charmant ; mais si cela peut se dire en peu de mots —

Styver

— Je vais vous résumer le plus important de l’affaire.

Mlle Skære

— Non, je me souviens mieux ; je puis raconter —

Mme Halm

— Je le puis aussi !

Mlle Skære

Oh, non, Madame Halm, ma

  1. Pièce de A. Munch, parue peu avant La Comédie de l’Amour.