Page:Mercure de France - 1899 - Tome 29.djvu/116

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de Weena, j’exécutai solennellement une sorte de danse composite, en sifflant aussi gaiement que je pouvais l’air du Pays des Braves. C’était à la fois un modeste cancan, une suite de trépignements, et une danse en jupons, autant que les basques de ma jaquette le permettaient, et en partie une danse originale ; car j’ai l’esprit naturellement inventif, comme vous le savez.

« Je pense encore maintenant qu’avoir échappé, par le moyen de cette boîte d’allumettes, à la masse du temps, à travers d’immémoriales années, est la chose la plus étrange, comme aussi pour moi la plus fortunée. De plus, assez bizarrement, je découvris une substance encore plus invraisemblable : du camphre. Je le trouvai dans un bocal scellé, qui, par hasard je suppose, avait été fermé d’une façon absolument hermétique. Je crus d’abord à de la cire blanche, et en conséquence brisai le bocal. Mais je ne pouvais me tromper à l’odeur du camphre. Dans l’universelle décomposition, cette substance volatile se trouvait par hasard avoir survécu, à travers peut-être plusieurs milliers de siècles. Cela me rappela une peinture à la sépia que j’avais vu peindre un jour avec la couleur faite d’une bélemnite fossile qui avait dû périr et se fossiliser depuis des millions d’années. J’étais sur le point de le jeter, mais je me souvins que le camphre était inflammable et brûlait avec une belle flamme brillante — faisait en fait une excellente bougie — et je le mis dans ma poche. Je ne trouvai cependant aucun explosif, ni aucun moyen de renverser les portes de bronze. Jusqu’ici mon levier de fer était le seul objet de quelque secours que j’eusse rencontré. Néanmoins je quittai cette galerie gran-