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l’œuf de cristal

valeur, il l’avait étiqueté dix shillings. Il le garda ainsi plusieurs mois et il pensait à en abaisser le prix, lorsqu’il fit une singulière découverte.

À cette époque, sa santé était très mauvaise — il faut bien avoir présent à l’esprit que, pendant toute cette affaire, son état physique fut fort précaire — et il éprouvait une extrême désolation des négligences et même positivement des mauvais traitements de sa femme, et des enfants de celle-ci à son égard. Sa femme était vaniteuse, extravagante, dure ; elle avait un goût croissant pour des absorptions particulières de boisson. Sa belle-fille était mesquine et prétentieuse et son beau-fils avait conçu pour lui une violente aversion qu’il ne perdait pas une occasion de témoigner. Les exigences de son commerce retombaient toutes sur lui, et M. Wace ne croit pas qu’il ait été absolument exempt d’occasionnelle intempérance. Il avait débuté avec une situation aisée, après avoir reçu une certaine éducation, et il souffrait pendant des semaines de suite d’hypocondrie et d’insomnies. Craignant de déranger sa famille, lorsque ses pensées devenaient intolérables, il se glissait hors du lit sans réveiller sa femme, et il errait par la maison ; un matin, aux environs de trois heures, vers la fin d’août, le hasard l’amena dans la boutique.

Encombrée, poussiéreuse et sale, la pièce était impénétrablement sombre, sauf en un endroit où il aperçut une clarté insolite. En approchant, il découvrit que c’était l’œuf de cristal, dans le coin du comptoir, près de la vitrine. Un mince rayon pénétrait par une fente des volets, frappait l’objet, et semblait pour ainsi dire en emplir entièrement l’intérieur.

M. Cave pensa que cela n’était pas d’accord avec