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Page:Mercure de France - 1900 - Tome 33.djvu/363

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MERCVRE DE FRANCE—II-1900

sorcière. Mais elle avait un enfant comme les autres femmes, elle était propre comme les autres femmes encore, elle causait ainsi que tout le monde, et l’on croyait simplement qu’elle avait appris le long des routes quelques-uns des secrets des plantes.

Depuis quelque temps, maman la guettait à passer. Il y a des espérances inavouées que nous plaçons sur les vieilles têtes du hasard. Maman pensait que la Vérité qui voyage peut rencontrer ceux qui rôdent. Et puis il y a toujours des voisins qui connaissent le cousin d’une personne qu’une vieille mendiante a guéri. Enfin le succès appartient à ceux qui le cherchent partout, même où ne s’arrêtent guère les succès.

Maman appela la mère Henri : nous pouvons toujours essayer, disait-elle. Mère Henri, je vous vois encore lorsque vous arriviez lentement, avec votre bon air, comme ceux que l’on attend. Vous m’avez aperçu, la tête entourée d’un bandeau et vous avez dit : En effet, l’on m’avait appris qu’il était malade votre petit. Votre enfant était avec vous. Maman, tout de suite, vous raconta que c’était un mal qui ne voulait pas s’en aller. Et parce qu’elle était impatiente de ce que vous lui diriez, elle défit bien vite le bandeau. La grosseur était là. Vous l’avez touchée du bout des doigts, par crainte de me faire mal. Ensuite vous avez dit ; « C’est sans doute de l’humeur, et vous nous avez regardés. » Vous avez ajouté : « Il faudrait mettre là-dessus un saint-bois. Un saint-bois c’est une petite écorce qui attire l’humeur et la fait sortir en dehors. On en trouve chez tous les pharmaciens. »

Alors maman, pour vous remercier, vous offrit de manger du pain et du fromage en buvant un verre de vin. Vous avez accepté et votre enfant