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Page:Mercure de France - 1er janvier 1919, tome 131, n° 493.djvu/42

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Pour lutter contre les cohortes des Bourreaux,
Pour refréner le Crime,
Pour terrasser le Mal…

Et dans l’immense armée des soldats de la Liberté,
On voit une poignée de tes enfants, vieux peuple d’Arménie,
Prenant part à la lutte, au premier rang…
Et ce sont leurs mains, ce sont leurs mains
Qui tiennent l’étendard de la Sainte Lutte…

Noires sont les nouvelles qui arrivent de notre pays
(Le désastre, cette fois, y a dépassé tous ceux du passé),

Mais cette noirceur est moins noire que celle de la conscience humaine,

Qui, hier, pouvant agir, demeura inerte devant l’égorgement d’un peuple…

Et le désastre qui frappe aujourd’hui la terre d’Arménie est moins sinistre

Que ne le serait le désastre d’une humanité où la conscience serait morte à jamais…


C’est le grand déluge de sang,
Qui inonde le monde…
Les vents d’horreur hurlent,
Comme les trompettes de la fin du monde,
Et c’est la fin, en effet, la fin qui s’approche,
Du monde d’égoïsme et de tyrannie…

Elle s’est réveillée, la noblesse humaine,
Elle s’est redressée dans toute sa vaillance,
Pour trier à jamais
L’antique Dragon
Vivant de chair humaine.
C’est le cataclysme régénérateur :
La Bête Humaine va mourir
Sous les coups de l’Homme-Esprit.
Le cycle sombre de la Force va se clore,
Et voici venir le règne de la Raison sereine.