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Page:Merrill - Les Fastes, 1891.djvu/39

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Mais lui, redressant haut vers les froides étoiles
Son épée au pommeau qu’enguirlandaient des lys,
Remémorait sa Reine invisible en ses voiles.


Et sur ses yeux des doigts lourds de pierres d’iris
Pesaient ; et dans son cœur roulaient de tièdes larmes
Pour avoir trop aimé la Doulce de jadis.


Il tua les hérauts impurs ; les nuits d’alarmes
Retentissaient d’appels mortels, et les vergers
S’allumaient aux éclairs bleus et verts de ses armes.


Or il advint ceci : qu’un soir de vents légers
Il vint vers une mer merveilleuse de rêve,
Où dans des îles d’or des flûtes de bergers


Sifflaient. Et laissant choir le fardeau de son glaive,
Il ploya les genoux et sanglota très bas,
Ses bras de fer en croix et le dos à la grève :


« Je suis venu mourir, las des mauvais combats,
Au leurre de vos voix lointaines, ô sirènes,
Que pleurent en riant les flûtes de là-bas.