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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/115

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v. — girart dans l’épopée française

dieu de notre chanson. Il est même remarquable que dans une version inédite de la Mort Beuve d’Aigremont, version qui diffère beaucoup de celle qu’a publiée M. Michelant, Fouque joue un rôle conciliateur tout à fait semblable à celui qui lui est attribué dans Girart de Roussillon[1].

Nous avons vu que Girart de Roussillon avait été introduit dans l’épopée carolingienne dès le xiie siècle. Était-il déjà présenté dans le poème perdu de Doon de Nanteuil comme le frère de Doon ? C’est ce que nous pouvons considérer comme assez probable, sans toutefois qu’il nous soit permis de l’affirmer. Sur ce point, Renaut de Montauban ne paraît pas avoir innové. Mais le groupement en une seule famille de Girart, de Doon, d’Aimon et de Beuve n’était qu’un premier pas dans une voie où des poètes postérieurs devaient aller très loin. De ces quatre frères, l’un, Aimon de Dordone, avait des fils (les quatre fils Aimon) plus célèbres que leur père. Doon de Nanteuil eut un fils, Garnier de Nanteuil, l’époux d’Aie d’Avignon. Garnier lui-même fit souche d’honnêtes chevaliers, et Gui de Nanteuil son fils, Tristan de Nanteuil son petit-fils, ont eu chacun leur chanson de geste. Mais il restait à trouver des ascendants aux quatre frères. C’est ce que fit, au xiiie siècle, l’auteur de Gaufrei, qui en même temps porta le nombre des frè-

  1. Ms. de la Bodléienne (Oxford) Douce 121 :

    « Beau sire, » ce dist Foques qui a la paix entend,
    « Quer oiez mon conseil que vos dirai briement
    « A vos et a mon oncle que voi ci en present :
    « Acordon nos a Kalle au fier contenement,
    « Et devenon si homme, jel vos lo loiaument,
    « Et perdonon la mort vostre frere briment.. »