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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/298

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girart de roussillon

au galop ; il ne laisse pas au traître le temps de parler ni de le défendre, mais il le saisit furieusement par les cheveux, et le tenant au long de son cheval, il le mène en haut au vent[1], et le conduit à un gibet élevé. Là il branlera à tout jamais. Voilà vengeance prise du traître qui a causé la mort de tant jeunes hommes !

91. Si Charles fit trahison, c’est lui qui la but. Il fut pour cela poursuivi par une plaine, et ne s’arrêta pas jusqu’à Troyes. Girart et les siens, cependant, prennent le butin. Il en donna à ses hommes autant qu’il le devait, de telle sorte que depuis lors aucun d’eux ne lui manqua au moment critique. Le roi s’en est allé à Saint-Remi ; là il manda ses hommes, avec qui il délibéra. Fouque et don Bégon pensèrent rétablir la paix entre Girart et Charles, comme cela devait être, mais Boson d’Escarpion le premier rompit la trêve : il suscita une querelle quand il en eut l’occasion, et tua Thierri le duc, par rancune. Le meurtre de ce baron fit naître un deuil d’où sortirent des maux infinis, jusqu’à ce qu’enfin Girart fut dépouillé de sa terre[2].

92. Jamais vous ne vîtes roi aussi dépité que l’était Charles, parce qu’il avait été mis en fuite et vaincu. On lui a pris le comte Arbert de Troyes ; il a perdu mille barons sans compter les morts. Charles jura Dieu et sa puissance que s’il pouvait prendre Girart..., avant que la nouvelle en fût allée loin, il l’aurait fait pendre. Vingt jours ne se passeront pas qu’il n’ait rassemblé cent mille boucliers sous Orléans la cité, dans la prairie herbue.

93. Charles manda ses hommes de nombreuses parts. Cependant, le comte Girart était à Roussillon avec le marquis Amadieu, Pons et Ricart, quand leur vint un messager des

    sant le fleuve, lorsque le marinier manœuvra de façon à se rapprocher de la rive qu’il venait de quitter.

  1. Sur la colline.
  2. C’est l’annonce des évènements qui seront contés dans la suite du poëme.