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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/334

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girart de roussillon

142. Ce fut un lundi, à l’aube du jour, au temps où les près fleurissent, où les bois se couvrent de feuilles. Charles fait sonner à la fois trente cors d’ivoire, pour faire connaître aux barons qu’il pense à livrer une bataille rangée. L’ost se rassemble et se met en marche. Les vagues de la mer sont moins pressées que les enseignes que vous eussiez vu flotter au vent. Charles les dirige vers Vaubeton, où se livra la bataille forte et amère : celui qui y tomba ne put se relever, ni plus jamais revenir à sa demeure.

143. La bataille fut forte et fière, comme vous entendrez : vous pouvez le demander aux prêtres et aux clercs qui en perdirent leurs dîmes légitimes. Du côté de Charles, furent le comte Joffroi[1], Aimon, Aimeri et Andefroi[2], et Helluin de Boulogne[3] et le fort Chapois[4], vingt mille Bavarois et Allemands[5] dont l’oriflamme était portée par le duc Godefroi. Les Aquitains formèrent cette fois l’avant-garde. Le duc Gui de Poitiers, guerrier choisi, à la tête de vingt mille Aquitains [6] qui lui sont fidèles, fut fait le chef (?) de l’avant-garde de Charles. Celle de Girart était formée par vingt mille Desertains du Pui de Trez[7] ; parmi eux, pas un couart ni un lâche. Là où les avant-gardes se rencontrèrent, la mêlée fut telle qu’on n’en verra jamais de plus grande.

144. Le duc Gui de Poitiers ne recule pas. Suivi de vingt

  1. Joifroi d’Angers, cf. p. 41, n. 4.
  2. Voy. § 107.
  3. Voy. p. 59, n. 3.
  4. Capez Oxf., Capes P. (v. 1791), dans une rime en eze répond généralement en français oi.
  5. « Allemands » est pris en son sens propre (Alemanni), les populations germaniques de la Suisse et de la Souabe.
  6. « Aquitains » n’est pas très-sûr. Ici et au § suivant il y a dans Oxf. Agiant, dans P. (vv. 1790 et 1801) Gaines. Gui de Poitiers qui les conduit pourrait bien avoir été introduit ici par souvenir de Gui-Joifroi, duc de Guienne et comte de Poitiers de 1058 à 1087.
  7. Trez Oxf., Tres P. (v. 1796) serait probablement en français Trois ; voir sur les Desertois ou Desertains p. 40, n. 1.