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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/405

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girart de roussillon

frappé. Mais je lui dis, dans ma colère, telle chose qui le fit passer aux yeux de tous pour fou et pour enfant[1].

305. « Tu le jettes hors de ta fidélité (dit Girart), et tu lui fais tort ; tu lui as tué son père et son oncle ; tu lui as enlevé Lengroine, la cité et le port[2]. Prépare-toi de ton mieux à la guerre : lui il est tout prêt.

306. « En présence de tous, je dis à Girart qu’il ne devait pas accuser le roi Charles avant de s’être présenté à ta cour avec ses barons, et de s’être expliqué avec toi par l’intermédiaire de tes hommes[3], car tu n’es coupable ni de félonie ni d’insulte envers Girart, les siens ni Boson[4]. Je voulus le prouver par bataille, chez lui, ne refusant aucun chevalier, Allemand, Bavarois ni Bourguignon ; mais je ne trouvai personne qui soufflât mot. C’est alors que Boson entra en fureur, et il m’eût frappé sur le lieu, sans que personne s’y opposât, quand Dieu envoya là le comte Fouque. J’exposai pourtant mon message et répétai tes paroles[5] : que Girart vienne te faire droit à ta résidence, amenant Fouchier et Boson et Seguin, le vicomte de Besançon. Et Girart me répondit « non » sur tous les points. Il demande raison de la mort de son oncle, le comte Odilon, de son père, le duc Drogon, qui périrent par toi en Vaubeton, et, si tu n’en fais pas amende, toi et les tiens, de sa part je t’apporte un défi. »

307. Charles, quand il s’entendit défier, éprouva une telle mortification, une telle amertume, qu’il ne put trouver une

  1. Cf. §§ 275-8.
  2. Il n’est nullement question, dans le texte que nous avons, de l’enlèvement de cette cité, qui m’est inconnue. La leçon de P. (v. 4002), Mongronh, m’est également obscure. L. passe le vers.
  3. Ce que Pierre veut dire est expliqué plus loin au § 314.
  4. Cf., § 270.
  5. Notons que c’est avant l’altercation avec Boson que prend place, dans le poëme, l’exposé des conditions que Pierre est chargé de transmettre ; voy. § 255.