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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/424

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girart de roussillon

la lance avec le gonfanon et l’abattit mort sur le sable, sous les yeux du comte Hugues, un homme qui sut en prendre vengeance.

339. Voici par la mêlée Hugues et vous allez entendre ce qu’il fit : sur un pelisson neuf d’hermine il avait revêtu un haubert blanc et à fines mailles (?)[1], et lacé un heaume à vergeures d’or fin. Il avait ceint l’épée de Genon d’Aiglin et portait un écu et une lance de Saint-Domin. Il montait un cheval bai, à la crinière fauve. La mort du comte Alon, qui était de son lignage, lui causa une vive douleur. J’ose dire qu’il ne manqua pas Doitran.

340. Hugues frappa Doitran sur son écu, lui brisa son haubert, lui mit dans le corps la lance au fer aigu et l’abattit mort sur le champ herbu. Lorsque les compagnies se rencontrèrent, vous auriez vu tant de lances, tant d’écus brisés, tant de chevaliers étendus à terre qui demeurent insensibles, si fort qu’on les remue. Charles a bien fait payer à Girart la douleur que lui a causée la mort du duc Thierri d’Ascane.

341. Charles accourut au galop. Il frappa un damoiseau franc des pays tiois (?), en haut, sur le sommet de son heaume : il lui trancha le cuir chevelu, le crâne, la poitrine, le corps, tout ce qu’il atteignit. Il en fit deux moitiés et le mit à bas, lui et son cheval, auprès d’un genêt. Ainsi chassait, ce jour-là, le roi dans la forêt de ses ennemis.

342. Cette bataille eut lieu un mardi. En ce jour, les Navarais et les Basques lancèrent leurs dards[2] ; il n’y a si fort haubert qui ne soit mis en pièces ; les Français frappent sur les heaumes....[3], le sang et la cervelle se répandent à terre. Ce n’est pas là la place d’un homme couard...

  1. Teoïn Oxf., tenoï P. (v. 4542). Enterin L. (non pas osterin comme dans l’édition) est une correction de copiste.
  2. Cf. p. 77, note 1.
  3. Le vers est complété par cette cheville que fest (que fit) Ginarz Oxf., Gimarz ou Gunarz L., Gaigartz P. (v. 4570). Ce fabricant de heaumes ne m’est pas connu d’ailleurs.