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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/441

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girart de roussillon

teflor. Au jour suivant, le roi en fut informé par messagers.

379. Les Gascons ont demandé congé à Charles ; les Poitevins et les Bretons sont aussi partis, et toutefois il ne fut pas tellement abandonné qu’il n’eût encore trente mille guerriers. Là-dessus voici le messager qui lui apporte des nouvelles de Girart. Le roi mande ses hommes et leur dit [ce qu’il vient d’apprendre]. Il fait rappeler tous ceux qui sont partis, et notamment le duc de Poitiers pour qu’il les guide.

380. Deux comtes sont sortis de l’ost du roi. L’un s’appelait Henri, l’autre Auberi ; leur sœur était la femme du duc Thierri[1] ; les fils de celui-ci, tués par Boson, étaient leurs neveux. Ils montèrent à l’observatoire et virent comment Girart distribuait ses troupes, comment il formait ses échelles. Charles sortait du camp avec ses fidèles quand vint à lui le comte Henri. « Sire, Girart chevauche, je l’ai vu. Nous avons, je vous l’affirme, plus de gens qu’eux. » Et Charles dit aux siens : « Mes amis, celui qui a tendu son tref n’aura pas un piquet à arracher ; cette nuit nous dormirons en sécurité. »

381. Le roi donna à ses barons l’ordre qu’aucun tref[2] ni pavillon ne fût baissé, que les licous ne fussent pas ôtés, ni les piquets arrachés. « Soyez en sécurité comme chez vous, car j’ai fait mander hier par deux hommes le duc de Poitiers et les siens. Guihomart[3] et Salomon[4] viendront

  1. On a vu au § 107 que Thierri avait eu quatre femmes, dont la dernière était sœur d’un roi Louis, de même au § 101 ; au § 112, cette quatrième femme est sœur de Charles-Martel ; ici il est question d’une sœur des comtes Henri et Auberi. La femme désignée dans le présent §, comme celle désignée aux §§ 107 et 112, est mère des enfants tués par Boson. Il y a donc contradiction entre ces divers passages.
  2. Sorte de tente.
  3. Guinars P. (v. 5066), ce qui fausse le vers ; au § 398, le même ms. (v. 5268) porte Guinarmartz ;. Le nom de Guihomart, conservé par Oxf., est un souvenir du chef breton Wihomarchus qui lutta contre Louis le pieux (Einhardi Annales, ad ann. 822 et 825 ; cf. A. de Courson, Cartul. de Redon, p. xxiii).
  4. Salomon de Bretagne figure parmi les vassaux de Charlemagne