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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/450

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girart de roussillon

Fouchier[1]. « Par Dieu ! » s’écrie Boson, « je ne veux pas pleurer. Nous avons tous été élevés et dressés pour une telle fin. Pas un de nous n’a eu pour père un chevalier qui soit mort en maison ni en chambre, mais en grande bataille, par l’acier froid, et je ne veux pas porter le reproche [d’avoir fini autrement]. Mais ce qui me fait supporter plus aisément ma perte, c’est qu’il y a plus de morts de leur côté que du nôtre. »

402. Or s’en va Girart, mais la mesnie qu’il avait coutume de conduire avec lui est bien réduite. On mit le comte Bernart à Charroux, en une pauvre église, sous le seuil, où plus tard furent placés la couronne et un clou de Dieu[2]. Vous eussiez vu là mille chevaliers ayant au cou l’écu vermeil ou bleu, aucun ne l’ayant entier. Les mieux portants sont malades....[3]. De part et d’autre, on est si dolent du mal éprouvé que, si le comte se plaint, le roi n’a pas à se louer.

403. Si Girart et les siens s’en vont pleurant, les barons de Charles restent dolents, car leurs amis ont péri dans la bataille. Le roi n’y eût rien gagné, n’était la terre qu’il prend à coup sûr en donnant de l’argent. Quiconque a bon château le rend au roi, et, quand Girart se présente, on le repousse. Tous ses hommes l’abandonnent, sauf les Bourguignons, ses parents.

404. Girart va parcourant châteaux et cités ; on ne l’y

  1. Voy. § 396.
  2. L’abbaye de Charroux, fondée à la fin du viiie siècle (Gall. Christ., II, 1277-8), passait pour avoir reçu, lors de sa fondation, un morceau du bois de la Croix et un fragment de la couronne d’épines, sans parler du reste ; voy. le Tabularium Carrofense, dans Besly, Hist. des comtes de Poictou, p. 151. D’après une autre tradition un des clous du crucifiement aurait été placé à Charroux par Charles le Chauve. Fauchet, Œuvres, 1610, fol. 563 v°, cite ces deux vers du roman perdu de Doon de Nanteuil :

    Par la foi que je doi la couronne et le clou
    Que dans Challes li chaux aporta a Charrou.

  3. Oxf. e mel san rou ; P. (v. 5336) e mes en rou.