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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/475

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girart de roussillon

Pour l’en récompenser, celui-ci appela cette nuit même un damoiseau, fils de sa sœur : « Neveu, » lui dit-il, « va dire à Charles l’empereur, sous Roussillon, où il tient rassemblé le gros de son armée, que Girart a convoqué son ost et lui livrera bataille demain au jour ; que Charles fasse bien garder son oriflamme, de peur qu’on la lui enlève par surprise. » Le damoiseau, plein de joie, court où on l’envoie.

480. Le damoiseau monte à cheval et part au galop. Il ne s’arrêta pais qu’il fût devant le roi. Il le trouve sous Roussillon, tenant un conseil pour établir un accord entre les Gascons et le duc d’Aiglent[1]. Charles parlait lorsque le messager, descendant de cheval, le prit à part, au vu de tous, et lui dit : « Je suis, à la cour de Girart, le serviteur d’un de vos parents qui vous fait savoir par moi secrètement que le comte a mandé toute sa gent. Il a avec lui de nombreux soudoyers à qui il donne de l’argent. Sachez pour certain que j’en arrive. Girart vous livrera bataille aujourd’hui même. » Cette nouvelle fut désagréable à Charles. Pourtant il prit une mine riante. « J’espère bien, » dit-il, « lui faire payer le mauvais sang qu’il me fait faire ! »

  1. « Gascons » est fourni par P. (v. 6099) ; il y a dans Oxf. Cacon. Peut-être faut-il, en combinant les deux leçons, lire Gacon, Gace de Dreux. Le duc d’Aiglent peut bien être le duc Milon d’Aiglent, appelé dans notre poëme Milon d’Aigline (§ 65) sur lequel plusieurs témoignages ont été cités ci-dessus, page 33, note 3. À ces témoignages on en pourrait ajouter plusieurs autres, ceux-ci, par exemple, que fournit le poëme de Fouque de Candie :

    De vesteüre i met tant pour sa gent,
    Ne l’esligast li dus Miles d’Aiglent
    (Musée Brit. Old. roy. 20. D. XI, fol. 262 r° c.)
    Plus li feras doner or et argent
    C’onques n’en ot li dux Miles d’Aiglent.
    (Ibid., fol. 263 v° a)
    Enz el batel sailli Miles d’Aiglent.
    (Ibid., fol. 265 r° c.)

    Milon d’Aiglent figure encore dans Mainet (Romania, IV, 309) dans Ogier, édit. Barrois, v. 9960.