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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/485

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girart de roussillon

frère germain de mon père[1]. » Et Girart répondit : « J’y suis tout prêt. » Là-dessus, voici un messager qui lui annonce que Charles et les siens chevauchent.

500. Le messager entre dans la salle : il était natif de Dijon, fils de Freelent ; il vint pleurant de douleur et s’essuyant les yeux : « Sire, Charles chevauche avec sa nombreuse armée. Je l’ai entendu faire le serment qu’il n’acceptera pas de rançon, s’il vous prend. — Cela va bien mal pour moi, » dit Girart, « car je n’ai chevaliers ni sergents avec qui je puisse défendre château ni terre. — Sire », dit la comtesse, « vous perdez du temps, au lieu de vous mettre en sûreté ! » Aussitôt il se lève et prend congé.

501. Le comte est monté et a pris congé : ils ne furent que sept de ce pays ; sa femme fut la huitième, et [la neuvième fut] Engoïs[2]. Jamais damoiselle ne se comporta plus honorablement : pour son seigneur, elle abandonna sa terre et ses amis. Désormais Girart s’en va, comme un banni, et la douleur fut grande, quand il partit, et lui-même, en son cœur, était tout éperdu. Toute la nuit ils chevauchèrent jusqu’au jour. Cependant le roi vint à Besançon et l’occupa.

502. Girart s’en va, n’ayant pas de terre une poignée. Le roi se soucie de lui comme d’une pomme. Mais qui se montre trop orgueilleux est abandonné de Dieu[3]. Toute la nuit ils chevauchèrent la tête baissée, personne ne songea à se déshabiller. Ils arrivèrent devant une rivière, au gué de

  1. Aucun prince de Hongrie n’a jamais porté le nom d’Oton. Il doit y avoir ici quelque vague souvenir de l’un des Otons qui se sont succédé sur le trône impérial d’Allemagne de 936 à 1002. Du roi Oton de Hongrie ici mentionné, M. G. Hofmann a rapproché le roi Oton qui dans Jourdain de Blaie (v, 12, voir la note) est le beau-père de Girart de Blaie.
  2. Engoïs est la forme donnée par Oxf. au § 511 et confirmée par L. au § 599 ; ailleurs Oxf. a Eniois (= Enjoïs). P. a toujours Enoïs. — Elle était fille d’Auchier de Montbéliard.
  3. Même pensée plus loin, § 512.