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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/507

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girart de roussillon

Et sur-le-champ le roi lui rend la terre en plaine par un rameau [1].

549. Le comte reçut du roi son fief par le rameau ; il s’inclina profondément jusqu’à ses pieds ; le roi fut assez bon pour le relever : « Seigneur, » dit Girart, « Fouque et les siens et tous les Juifs de cette cité (Orléans) dépendent de mon fief[2]. Si vous gardez le fief, j’en prendrai mon parti, mais rendez-moi Fouque, pour l’amour de Dieu. — Par mon chef ! » dit le roi, « pas si facilement. » À ce moment, des nouvelles arrivent par un courrier, et on lit les paroles que contient la lettre.

550[3]. Voici les nouvelles que contient la lettre : « Elinant, Golgas, Guinguenez, Jaguz[4], Enissanz, Agenez, et le sire de Bretagne avec eux six, vous ont enlevé le mont Saint-Michel, et feront pis encore si vous ne fortifiez le port.....[5] » Là-dessus le roi monte à cheval et sort.

551. Le roi s’en alla le long de la Loire, sur la grève, ayant avec lui ses comtes et ses barons. Les deux fils d’Ande-

  1. Mode d’investiture ; voy. Du Cange, III, 884 c, investitura per ramum et cespitem.
  2. On a vu plus haut, §§ 105, 106, 113, que Fouque avait à Orléans un palais, et, § 439, qu’il tirait des juifs de cette ville des revenus considérables ; voir p. 53, n. 4. On a d’ailleurs des témoignages historiques sur l’existence d’une colonie juive à Orléans depuis les premiers temps du moyen âge. Elle est mentionnée, plus d’une fois, par Grégoire de Tours (Longnon. Géogr. de la Gaule au vie siècle, p. 179), plus tard par Raoul Glaber (l. III, ch. vii ; cf. Riant, Invent. crit. des lettres histor. des Croisades, xii). Cette colonie a dû subsister jusqu’à l’expulsion générale des juifs en 1300 ; voy. l’acte publié par M. S. Luce, Revue des études juives, II, 41-4.
  3. Cette tirade, où plusieurs passages sont obscurs, ne se trouve pas dans P.
  4. Ce nom se trouve dans Wace, Brut, v. 13201, du moins selon l’édition de Leroux de Lincy ; dans l’endroit correspondant de Geoffroi de Monmouth (X, x) il y a Lagivius.
  5. La leçon de L., par les destrez, peut s’entendre à la rigueur ; celle d’Oxf., per unt al trez, m’est tout à fait obscure.