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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/509

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girart de roussillon

Elle lui a fait des chaînes d’argent, non pas de laiton, et depuis l’a gardé en une prison où il est plus à son aise qu’un poisson dans l’eau, et elle préfère vivre avec lui[1] qu’épouser le riche comte d’Alsace[2] ou celui de Bretagne à qui vous l’avez donnée par notre entremise, et qui, à cause d’elle, nous fait maintenant la guerre[3]. Mandez-lui de vous le rendre, et, si elle dit non, nous lui donnerons l’assaut de toutes parts, car, si elle restait avec ce félon, ce serait dommage et honte pour le royaume. » Et Charles répondit : « Je vous les abandonne, mais je ne veux pas trahir Girart tant qu’il sera en ma cour et en ma demeure. Mais, une fois parti, celui qui lui fera payer ses torts, je lui pardonne. » Là se trouvait Bertran de Val-Olec, fils de Begon[4] cousin germain de Girart et de Fouque ; il n’y avait mieux emparenté dans le royaume, et son père avait été le meilleur chevalier qui fût. Les paroles qu’il entendit ne lui firent pas plaisir ; il s’éloigna sans bruit et se rendit en la chambre où était Girart et lui rapporta là ce qu’il avait entendu.

    une grande analogie de situation avec l’Oridon de Girart de Roussillon :

    Atant es vous Tiebaut le seignor d’Orion,
    D’un chastel orgueilleus sor l’eve d’Aubenchon

    (Gui de Nanteuil, vv. 1145-6.)

    Quant à l’Argenson qui reparaît plus loin (§ 567), on pourrait se hasarder à l’identifier avec l’Armançon, qui se jette dans l’Yonne, un peu au-dessus de Joigny. L’Yonne est peu éloignée de Roussillon, voy. § 554, et Roussillon paraît être à peu de distance d’Oridon, voy. §§ 567-569.

  1. Le sens paraît être : « elle aime mieux avoir de lui un enfant illégitime (avoltron).... »
  2. Oxf. d’Ausais, L. d’Ausis, P. (v. 7087) de Reims.
  3. Il ne faut pas oublier que le seigneur a le droit de marier à son gré les filles ou veuves tenant fief de lui.
  4. Oxf. Beson, P. (v. 7099) Aimon. La leçon Begon, fournie par L., est sûrement la bonne. L’auteur a voulu rattacher ce Bertran au Begon de Val-Olei du § 385 ; mais la mention qui suit d’un lien de parenté entre Bégon et Girart est nouvelle.