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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/517

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girart de roussillon

Bertran de vouloir bien chevaucher la nuit, car il y a presse : « Portez à Aupais ce bref, soyez mon messager. Je lui donnerai Fouque que je lui ai promis. Pour lui, l’orgueil des Français[1] me veut grand mal, et aussi pour toute ma terre, par la foi divine ! Mais je ne veux pas qu’elle tombe entre les mains d’Oudin ni du roi. Et dites-moi à Girart de n’y pas aller. J’y ai envoyé, en cas de besoin. Qu’il n’y ait personne qui ne prenne les armes, sauf les clercs, les moines et les bourgeois âgés. » Bertran s’inclina en remerciant et partit au galop. Il trouva Roussillon bien gardé par cinq cents chevaliers aux heaumes tout frais, et par dix mille sergents ou bourgeois, tous empressés à faire tout ce que Girart leur demande.

566. Bertran s’entretient avec Girart et dit à Droon : « Portez cette lettre à Aupais et à Fouque ; qu’ils fassent tout ce qui s’y trouve marqué. J’irai après vous à Oridon ; avec moi viendront mes compagnons, et les hommes de ce fief, ceux aussi de Dijon. Faites conduire Baudouin et le comte Odon, deux lieues en plaine dans le bois d’Arton[2], et de là aux barrières près de l’Argenson[3]. Dans le bois resteront tous les gens de pied. — J’irai, » dit Girart, « non pas vous. — La reine vous mande de n’en rien faire présentement, pour ne pas fournir un grief au roi ; elle prend tout

    quant non furent mis es terres par les Grieus, sachiés que France fu premierement clamée Gale ; et bien sachiés que trés dont furent .iij. contrées Gales nomées : la première est joste les mons de Mongieu, de la trosques a Sene le vielle ; la seconde est de cha les mons trosques al Rosne, et la tierce oltre le Rosne : si fu clamée Gale li Belguene. Et en celi partie si est Hurupe, trosque et regne de Vaccée, c’est trosqu’a Gascoigne. » (Bibl. de l’Arsenal, ms. 3216, fol. cccj.)

  1. L’orgueil des Français était proverbial ; voy. les textes cités dans une note de ma traduction du poëme des Albigeois, II, p. 351, n. 2. On lit dans Aiol, v. 1157 (cf. 1771) :

    François sont orgueillous, desmesuré.

  2. D’Aro, L., ce même bois est appelé plus loin, § 605, d’Argon.
  3. Voy. p. 254, n. 1, fin de la note 4.