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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/532

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girart de roussillon

gardiens de Besançon. » Girart sourit et dit à Fouque : « Je voudrais qu’Oudin eût été là pour Charles.

597. — Sire, » dit Andicas, « nous voici venus, nous qui t’avons tant désiré et cherché ! Jamais tu n’as vu gent si affligée que la tienne de t’avoir ainsi perdu. Nous t’apportons un présent considérable et de gracieux saluts : vingt mille marcs d’argent blanc. » [ Et Girart, plein de joie, répondit[1]] : « Dame[2], vous les prendrez, puisse Dieu me venir en aide ! Je n’en retiendrai pas un seul, tant je suis heureux que Dieu vous ait protégée, et que par vous Fouque m’ait été conservé. Désormais rien ne pourra nous nuire. »

598. Là-dessus on crie l’eau et on va se laver les mains. Il y eut grande abondance de mets délicats à boire et à manger. Fouque fit donner mille sous à chaque bon jongleur, et cent aux plus médiocres. Le soir, Girart se retirait, lorsqu’il vit monter[3] une damoiselle accompagnée d’une suite peu nombreuse, mais de bonne apparence. Il demanda qui elle était. Lorsqu’il l’entendit nommer, il mit pied à terre, la prit à bras le corps et la descendit des arçons du mulet gris. Il la mena dans sa chambre et dit en entrant : « Voyez, comtesse[4], Engoïs, celle que vous aimiez ! » Et la comtesse, toute joyeuse, court la baiser. « Puisse Dieu m’aider, sire, vous devez bien l’aimer aussi, car pour nous elle s’est laissé dépouiller de son héritage. Pensez maintenant à lui donner bon conseil. »

599. Jamais le duc Girart ne fut ingrat, jamais il ne laissa homme qui l’aima et le servit sans le récompenser selon son mérite, « Dame reine, écoutez ce qu’a fait cette damoiselle. Elle est fille de feu Auchier de Montbéliard, qui fut tué en

  1. Ce vers, qui n’est pas absolument nécessaire, ne se trouve que dans P. (v. 7785).
  2. Girart s’adresse à Aupais.
  3. Vers le château de Roussillon.
  4. Il s’adresse à sa femme.