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Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/56

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introduction

prunté ses notions généalogiques à la vieille chanson ; on peut aussi admettre qu’il a pris à la charte de Pothières et de Vezelai le nom de Hugues, père de Berte, et au vieux poème le nom d’Eloïse, sœur de Berte et épouse du roi. Cette dernière opinion me semble fort soutenable, bien qu’elle ait été contestée[1]. De toute façon, l’histoire authentique est ici médiocrement respectée, puisque nous ne savons pas si en réalité Hugues était comte de Sens, puisque, d’autre part, le personnage d’Eloïse, sœur cadette de Berte et femme de Charles, est fabuleux. Mais la fable se donne une bien plus large carrière dans le poème renouvelé. Certes, peu de poèmes commencent par une exposition aussi belle. Elle est véritablement grandiose la scène du début où on voit Charles, le roi-empereur, entouré de ses grands vassaux, ayant auprès de lui le pape, tenir à Reims, le jour de Pentecôte, sa cour plénière. Le pape se lève et conjure le roi et ses barons de courir au secours de l’empereur de Constantinople que les païens attaquent du côté du Tyr et de Nicée, tandis que, d’autre part, ils ont assailli Rome, le fief de saint Pierre. L’empereur grec, à la demande de Drogon, père de Girart, s’est engagé à donner ses deux filles au roi Charles et à Girart. Drogon se lève à son tour et confirme les paroles du pape. Le roi accepte aussitôt. Suivi d’une nombreuse armée, il se rend en Italie, et en expulse les païens. Puis une ambassade nombreuse, ayant à sa tête le pape et Girart, est envoyée à Constantinople, et là, après diverses scènes bien faites pour donner une haute idée de la richesse de l’empereur byzantin, l’engagement des deux jeunes filles avec Charles et Girart est juré par les barons.

  1. Voir ci-dessus, p. xxviii, note 1.