Aller au contenu

Page:Meyer - Girart de Roussillon, 1884.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxv
état des personnes et civilisation

et en principe, on est duc ou marquis d’une province, d’une région contenant un certain nombre de cités ; on est comte d’une cité. Il est plus d’une fois question, dans le poème, de duchés (§§ 49, 101, 675) et de comtés (§ 190), mais il est rare que le titre de comte soit déterminé par un nom de lieu. On peut citer des comtes d’Alsace (§ 551), de Balone (§ 319), de Carcassonne (§ 319), de Ponthieu (§ 451), de Saint-Médard (§ 275), de Troyes (§ 88), de Valençon (§ 170), mais c’est l’exception. Le plus souvent le titre de comte est employé d’une façon absolue, comme s’il existait indépendamment de toute possession territoriale. Dans certains cas, il se peut que le poète ait eu en vue des comtes palatins, tel qu’Evroïn de Cambrai (§ 124), mais ce ne peut être le cas de Girart, de son oncle Odilon, de ses cousins Bernart, Boson d’Escarpion, Fouque, Gilbert de Senesgart, et de tant d’autres, qui sont appelés comtes sans qu’on nous fasse connaître le nom de leurs comtés. Au contraire, le titre de duc est ordinairement déterminé par un nom de pays. Thierri d’Ascane, par exemple, est appelé « le duc d’Ascane » (§ 108). On en peut dire autant du titre de vicomte qui, du reste, est peu fréquent. Tandis que quatre des cousins de Girart portent le titre de comte, sans désignation de comté, un cinquième cousin, Seguin, est qualifié, tantôt de vicomte tout court, tantôt de vicomte de Besançon (§§ 75, 306). On peut encore citer Artaut vicomte de Dijon, Gace vicomte de Dreux, Giraut vicomte de Limoges[1]. Le titre de vicomte est beaucoup moins ancien que celui de comte[2] ; il n’est pas surpre-

  1. Et le vicomte de Saint-Martial (§ 226) qui est peut-être le même que le vicomte de Limoges.
  2. Les vicomtes n’apparaissent guère que vers le milieu du ixe siècle ; Vaissète, Hist. de Languedoc, I, 692.