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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/117

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ACA

le pape par ses artifices, il se déclara contre lui et porta Zénon à publier, en 485, une formule ou édit d’union qui fut nommé Hénoticon, et qui se trouvait entièrement favorable aux Eutychéens. Acace mit tout en œuvre pour faire recevoir cet édit dans les provinces : ce qui lui attira les anathèmes de Rome, que des moines osèrent attacher à son manteau lorsqu’il entrait dans son église. Cité par le pape Félix III devant un concile assemblé à Rome, le patriarche parut fléchir un moment ; mais, à son tour, il anathématisa Félix, fit arrêter les légats, déposa les évêques orthodoxes, en mit de schismatiques à leur place, et persécuta ouvertement les catholiques. En 484, Zénon, irrité contre l’impératrice Ariadne, donna secrètement l’ordre de sa mort ; Acace en fut instruit, courut au palais, remontra avec chaleur à ce prince l’énormité du crime, et parvint à l’apaiser. Il mourut paisiblement sur son siége, en 489, après dix-huit ans de patriarcat. Il reste de lui deux lettres, l’une en grec, dans le 4e tome des Conciles, adressée à Pierre le Foulon ; l’autre en latin (dans Cave) au pape Simplicius, sur l’état de l’Église d’Alexandrie. (Voy. Basilisque.) L-S-e.


ACADÉMUS, ou plutôt HÉCADEMUS, simple particulier d’Athènes, laissa au peuple un terrain assez considérable pour en faire une promenade. Hipparchus, fils de Pisistrate, l’entoura de murs ; Cimon, fils de Miltiade, le planta d’arbres et en fit un lieu très-agréable ; il y avait un gymnase, et c’était là que Platon rassemblait ses disciples : ce qui fit donner à sa secte le nom d’Académique, et c’est pour cela que les réunions de savants ont pris le nom d’Académie. Cicéron donna le nom d’Académie à sa maison de campagne située près du lac d’Averne, dans le lieu appelé aujourd’hui Pouzzole, où l’on voyait des portiques et des jardins, à l’imitation de l’Académie d’Athènes. C-r.


ACAMAPIXTLI, premier roi des Astèques, ou anciens Mexicains. Ce peuple, venu du nord de l’Amérique, n’avait été gouverné jusqu’alors que par ses principaux guerriers. Acamapixtli, petit-fils d’un roi voisin, nommé Culuacan, avec lequel les Mexicains avaient été longtemps en guerre, fut élu roi vers l’an 1380, par le consentement libre de la nation astèque ; il jura de veiller sans relâche à la sûreté et au bonheur de son royaume. Les Mexicains, qui avaient vécu jusqu’alors en tribus séparées, jouirent enfin des avantages d’une monarchie régulière et tempérée. Acamapixtli fut à la fois le législateur et le père de ses sujets ; il fit de bonnes lois, embellit l’ancien Ténochtitlan, sa capitale, aujourd’hui Mexico ; fit construire des ponts, creuser des canaux, et élever des aqueducs, qui firent, deux siècles après, l’admiration des Espagnols. Il soutint une longue guerre contre Azafazalco, roi de Tépeacan, dont les peuples habitaient les bords du lac de Mexico. Ce tyran avait imposé aux Astèques ou Mexicains un tribut annuel. Si Acamapixtli n’affranchit pas tout à fait ses sujets de ce joug honteux, il parvint du moins à l’alléger. Le règne de ce prince dura 10 ans ; il mourut regretté des Mexicains, auxquels il laissa la liberté de se choisir un roi, quoi qu’il eût plusieurs enfants ; mais les Mexicains, qui chérissaient sa mémoire, proclamèrent unanimement son fils Vitzilocutli, qui lui succéda. B-p.


ACARIE (Pierre[1]), conseiller et maître ordinaire de la chambre des comptes de Paris, en 1580, membre du conseil des Seize, fut appelé le laquais de la Ligue, tant son zèle pour la sainte union lui dicta de sacrifices et de démarches officieuses. On voit sa signature figurer au bas de la lettre écrite, le 20 septembre 1591, par les Seize au roi d’Espagne pour lui offrir, la couronne de France. Il tint, dans la chambre des comptes, un des quatre opposants à la résolution prise, en 1592, par cette compagnie de demander la paix au duc de Mayenne et d’envoyer une députation au roi, pour le semondre de se faire catholique. Acarie fut non-seulement un des serviteurs les plus empressés de la Ligue, mais il sacrifia tellement sa fortune au succès de cette cause, que ses biens furent décrétés, pour acquitter les dettes qu’il avait contractées au service de la faction. Après la réduction de Paris, il fut privé de son office et expulsé de la capitale, avec les principaux ligueurs. Il trouva un asile chez les chartreux de Bourg-Fontaine qui partageaient ses sentiments. Un parti armé vint l’arracher de cette retraite et le fit prisonnier ; mais il se retira de ce mauvais pas au moyen d’une forte rançon ; et obtint de la clémence de Henri IV la permission de résider d’abord à Luzarches, ensuite à Ivry, où il mourut, en 1613, entre les bras de sa femme et de sa fille aînée. Acarie était d’un esprit faible et superstitieux qui étouffait ce que son caractère avait d’enjoué. P. Dupuy, dans ses notes sur le Catholicon (Satire Méinippée, édition de 1664, p. 73), dit qu’il fut appelé laquais de la Ligue, par ironie, parce qu’il était boiteux. S’il faut en croire le Duchat (Satire Ménippée, t. 2, p. 134, édition de 1627), le P. Maimbourg a mieux rendu le sens de cette remarque, en ajoutant qu’il fut nommé ainsi, parce que, étant boiteux, il était un de ceux qui allaient et venaient et agissaient avec le plus d’empressement pour les intérêts du parti. Bayle (Diet critiq., dernière édit., t. 10, p. 496) dit que, quoique l’explication du P. Maimbourg soit plus vraisemblable, il ne devait pas y laisser la qualité de boiteux comme une partie de la raison pourquoi Acarie fut appelé laquais. Comment un critique doué de tant de perspicacité n’a-t-il pas senti que le contraste de l’infirmité d’Acarie avec le rôle actif et obséquieux qu’il s’imposait au profit de la Ligue rendait l’ironie plus piquante ? Il avait épousé Barbe Avrillot (voy. ce nom), qui plusieurs fois eut la cuisse cassée à la suite de chutes. Le Duchat (Satin Menippée, t. 2, p. 135) plaisante d’une manière ignoble sur cet accident ; il dit, en parlant du mari et de la femme : « que c’était une belle paire, et bien, plantée sur ses jambes. » Il eût peut-être mieux valu faire remarquer que parmi les personnages qui figuraient, en première ligne, dans la Ligue, il y avait un cer-

  1. Jean Godefroy (Mémoires pour servir à l’histoire de France, par L’Étoile, t. 1, p. 80, note) donne à Acarie le prénom de Pierre. Cependant la signature d’Acarie qu’on lit au bas de la supplique des Seize au roi d’Espagne, est précédée de ta lettre J.