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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/124

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ACC

titre de St-Eusèbe ; mais il est plus connu sous le nom de cardinal d’Ancône. Il fut ensuite revêtu successivement de sept évêchés, en Espagne, en Flandre, en France, en Italie. Il ne garda que deux mois l’archevêché de Ravenne, qu’il échangea avec son neveu Benoit Accolti, pour l’évêché de Crémone. Il exerça de plus à Rome la charge de cardinal-vicaire, et celle de légat dans l’armée du pape contre les Français. Il mourut dans cette ville, le 12 décembre 1532. Il a laissé quelques ouvrages, de droit peu importants. Ce fut lui qui rédigea, en 1519, la bulle contre Luther, où furent condamnées quarante et une propositions de ce réformateur. Aucun historien n’accuse le cardinal d’Ancône de mauvaises mœurs ; mais l’arbre généalogique de sa famille (Mazzùchelli, Scrit. It., t. 1, p. 60) lui donne une fille et deux fils, dont le second, Benoit Accolti, figura, en 1564, à la tête d’une conspiration des Florentins contre Pie IV. Le complot ayant été découvert, Benoit Accolti fut arrété et pendu avec ses complices parmi lesquels se trouvait Pierre Accolti, son parent. G-é.


ACCOLTI (Benoit), connu sous le nom de cardinal de Ravenne, eut pour père un troisième fils de Benoit l’historien, nommé Michel, et fut par conséquent neveu de l’Unico Aretino et du cardinal d’Ancône. Il naquit à Florence, en 1497. Le cardinal son oncle, qui était en faveur auprès de Léon X, lui procura la place d’abréviateur apostolique, et bientôt après l’évêché de Cadix, d’où il fut transféré à celui de Crémone, qu’il échangea bientôt avec son oncle pour l’archevêché de Ravenne. Clément VII le nomma son secrétaire, en même temps que Sadolet. Il n’avait alors que vingt-cinq ans. Il fut fait cardinal en 1527, et envoyé légat, en 1532, dans la Marche d’Ancône. Sous Paul III, il tomba dans la disgrâce, fut renfermé au château St-Ange, et subit un procès rigoureux ; les uns disent pour péculat ; les autres, pour quelque autre cause plus grave encore. Il lui en coûta, pour avoir sa liberté, la somme énorme de 59,000 écus d’or. Alors il se retira à Ravenne, puis à Ferrare, à Venise, et enfin à Florence, où il mourut en 1549. Il a laissé quelques ouvrages latins, dont une partie seulement a été imprimée ; et des poésies latines insérées dans le recueil Quinque illustrium Poetarum, Florence, 1562, et depuis dans le t. 1er des Carmina illustrium Poetarum italorum, Florence, 1719, in-8o. L’arbre généalogique dont il est parlé à l’article précédent donne aussi trois fils à ce cardinal, Hippolyte, Fabrice et Marcel. G-é.


ACCOLTI (Léonard et Pierre), eurent pour père Fabrice, l’un des trois Accolti que l’on vient de nommer. Léonard fut chancelier des archives publiques de Florence, en 1600. Il n’est connu dans les lettres que pour avoir publié en 1623, avec son frère, l’histoire de Benoit leur trisaïeul, de Bello a christianis contra barbaros gesto, avec les notes de Thomas Dempster. — Pierre fut docteur en droit et professeur de droit canon à Pise, en 1609, membre de l’académie florentine et de celle du dessin. On lui doit les deux ouvrages suivants : 1° delle lodi di Cosimo II, gran duca di Toscana, orazione, etc., Florence, 1621 ; 2° l’Iganno degli occhi o prospettiva pratica, etc., VeniseRozenda, 1625, in-fol. Il eut, de son mariage avec Léonore Spini, deux filles et un fils nommé Jacopo, le dernier de cette famille illustre, qui s’éteignit avec lui à Florence, en 1699. G-é.


ACCORAMBONA (Victoire), duchesse de Bracciano, épousa François Peretti, neveu de Sixte-Quint. Son mari ayant été assassiné, elle fut accusée de sa mort, et enfermée pendant quelques années au château St-Ange ; mais, étant parvenue à prouver son innocence, elle fut mise en liberté, et se remaria avec Paul Girolamo Orsini, duc d’Arcenno. Ce seigneur, qui était aussi soupçonné du meurtre de Peretti, craignant la vengeance du cardinal de Montalte, devenu pape sous le nom de Sixte V, se présenta devant le nouveau pontife pour juger de-ce qu’il avait à en attendre d’après l’accueil qu’il recevrait. Le pape le reçut fort bien, et l’assura qu’il n’avait rien à craindre de lui ; mais il ajouta qu’il eût à se garder désormais de souffrir dans son duché, comme il le faisait auparavant, des scélérats et des assassins, et que, si cela lui arrivait encore, il le punirait sévèrement. Effrayé de cette menace, Orsini se retira sur le territoire vénitien et y mourut. Des difficultés s’élevèrent sur l’exécution de son testament, entre sa veuve et Louis Orsini, son parent : ce dernier perdit son procès, et s’en vengea en faisant assassiner Victoire à Padoue, en 1585. On a de cette dame des poésies imprimées sous le nom de Virginia N…, avec celles d’Alexandre Bovarini et du chevalier de la Selva, et l’on conserve à Milan, dans la bibliothèque ambroisienne, un poëme en terza rima, intitulé Lamentodi di Virginia N…, où elle déplore la perte de son époux, et fait des imprécations contre les meurtriers. Fr. de Rosset a fait de cet événement le sujet d’une de ses Histoires tragiques (Lyon, 1621). Adry a publié l’Histoire de la vie et de la mort de Vittoria Accorambona, 1800, in-4o ; 2° édition, augmentée, Paris, 1807, in-12. G-é.


ACCORAMBONI (Jérôme), l’un des plus habiles médecins de son temps, naquit, en 1467, à Gubbio, dans le duché d’Urbin, d’une famille honorable. Il étudia la médecine contre le gré de ses parents, qui le destinaient au barreau, mais les succès qu’il obtint dans, la pratique de son art durent lui faire pardonner sa désobéissance. Il remplissait, en 1505, la première chaire de médecine a l’académie de Pérouse, et déjà sa réputation attirait à ses cours des élèves de toute l’Italie. En 1515, le pape Léon X le nomma son médecin. Clément VII, qui l’honora de sa confiance, ne fut pas moins généreux à son égard que ne l’avait été son prédécesseur ; mais Accoramboni ne devait pas jouir de la fortune qu’il avait acquise par ses talents : au sac de Rome, en 1527, sa maison fut entièrement dévastée. Il ne put même sauver ses manuscrits. Dans l’embarras ou il se trouvait, Accoramboni se hâta d’accepter la chaire de médecine de l’académie de Padoue, qu’il avait refusée plusieurs fois. Son traitement, fixe d’abord a 760 écus d’or, fut porté, dès l’année suivante, à 800 écus. Le pape Paul III l’ayant nommé son médecin, il revint a Rome, dans le mois de septembre 1536 ; mais quelque temps après, il y tomba malade, et mourut le