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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/131

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ACH

de ses deux branches intéressantes du savoir humain, lorsqu’en 1800 ; il conçut l’idée d’appliquer en grand la découverte que Marcgraf avait faite autrefois sur possibilité d’extraire un sucre cristallisable du su concentré de plusieurs racines, et notamment de la betterave. Il reprit les expériences de son prédécesseur, et bientôt apprit au monde savant qu’il avait trouve du procédés à l’aide desquels on pouvait parvenir à tirer, d’un poids donné de racines, une quantité de sucre assez considérable pour mériter de fixer l’attention des spéculateurs et la sollicitude des gouvernements européens. Toutes les gazettes retentirent de cette annonce ; mais un rapport peu favorable de l’Institut de France vint bientôt refroidir l’enthousiasme, en établissant, d’après un certain nombre d’expériences, que l’extraction du sucre de betterave n’offrirait aucun avantage réel. Cependant Achard ne se découragea point, et, fort de l’appui du gouvernement prussien, qui le secourut puissamment, il établit une fabrique à Kunern, village de la Silésie, près de Breslau, où une propriété rurale lui avait été concédés dans cette vue. Ses produits ne purent d’abord soutenir la concurrence avec ceux des colonies ; mais la proclamation du système continental ne tarda pas à lui assurer des avantages dont il sut profiter avec habileté, et cette fois, du moins, la prohibition, généralement si funeste au commerce, tourna au profit de la prospérité nationale. Les bénéfices qu’Achard en retirait fixèrent de nouveau l’attention, et la fabrication du sucre de betterave acquit dès lors un grand développement, surmonta tous les obstacles, et triompha même des préjugés populaires, après qu’on eut été longtemps obligé de recourir au mensonge pour les ménager. Un moment on put croire que le rétablissement de la paix générale lui porterait un coup funeste, puisqu’il ruina la plupart des manufacturiers alors établis ; mais des améliorations successivement apportées aux procédés d’extraction, et la construction de machines ingénieuses, ne tardèrent pas à lui faire prendre un nouvel essor. On comptait, dans quarante-six départements de la France, plus trois cents fabriques de sucre de betterave, lorsque cette industrie fut tout à coup arrêtée dans ses progrès et sa prospérité par les mesures fiscales adoptées a son égard par le gouvernement et les chambres (1827), qui avaient du prendre en sérieuse considération la détresse des colonies et les intérêts de la marine marchande, menacés de perdre un fret considérable et nécessaire à son existence. Les ouvrages d’Achard, écrits en langue allemande, sont 1o Mémoires de physique et de chimie, Berlin, 1780, in-8o ; 2o Collection de mémoires sur la physique et la chimie, Berlin, 1784, in-8o ; 3o Recherches sur les propriétés des alliages métalliques, Berlin, 1788. in-4o ; 4o Leçons de physique expérimentale, Berlin, 1791-1792, 4 vol. in-8o ; 5o Instruction à l’usage des gens de la compagne, sur la manière la plus avantageuse de former des prairies artificielles, Berlin, 1797, in-8o ; 6o Traité complet sur le Sucre européen de betterave, traduit et abrégé de l’allemand, par D. Angar, avec des notes et observations, par Ch. Derosne, Paris,1812, in-8o ; 7o Courte et utile instruction sur les moyens de mettre les propriétés rurales à l’abri des désastres causés par les orages, Berlin, 1798, in-8o ; 8o Instruction sur la manière de préparer le sucre brut, le sirop et l’eau-de-vie de betterave, Berlin, 1800, in-8o ; 9o Preuve de la possibilité d’extraire en grand le sucre de betterave, et des avantages que j’ai retirés de ma fabrique, Berlin, 1800, in-8o ; 10o Comment doit être conduite la fabrication du sucre et de l’eau-de-vie de betterave, pour ne pas nuire aux douanes royales, Berlin, 1800, in-8o ; 11o Instruction sur la culture des betteraves dont on peut extraire du sucre, Breslau, 1805, in-8o ; 12o de l’Influence de la fabrication du sucre de betterave sur l’économie domestique et rurale, Glogau, 1805, in-8o. Achard est encore auteur d’une foule de Mémoires insérés dans divers journaux ou recueils allemands, et de quelques articles dans un Dictionnaire de technologie qui se publie en Allemagne. J-d-n.


ACHARDS (Éléazard-François de la Baume des), né à Avignon, le 29 janvier 1679, d’une famille noble, prit l’habit ecclésiastique à l’âge de seize ans, et entra dans le séminaire de St-Charles d’Avignon, où il resta jusqu’en 1701. Lorsqu’il eut reçu la prêtrise, il se livra entièrement aux missions des campagnes dans le Comtat, la Provence, le Languedoc et le Dauphiné, et après dix ans de travaux, fut fait prévôt de la cathédrale d’Avignon. Lors de la peste de 1720, qui affligea Marseille et toute la Provence, des Achards se signala par un zèle qui ne se ralentit pas pendant plus de dix mois que dura ce terrible fléau. Benoit XIII, instruit de ses vertus et de son mérite, le créa évêque d’Halicarnasse ; et lorsque le saint-siége, fatigué des plaintes des différents missionnaires de la Cochinchine, résolut d’y mettre fin, Clément XII chargea des Achards de cette mission, pour laquelle il partit en 1738. Arrivé à Macao après une traversée de plus de six mois, les jésuites parvinrent à le faire emprisonner. Rendu à la liberté, des Achards alla d’abord à Canton, et arriva à la Cochinchine, en mai 1739. Les missionnaires italiens, jésuites, récollets, franciscains, étaient en rivalité avec les missionnaires français ; et vainement le visiteur apostolique leur proposa la paix. « la paix ! s’écria le P. Martiali, la paix ! Je ferais la paix avec le diable plutôt qu’avec les Français ! » Après deux ans de résidence inutile dans ce pays, des Achards y mourut le 2 avril 1741. L’abbé Fabre, d’abord secrétaire de des Achards, protonotaire apostolique, et provisiteur dans la même mission, en a donné une relation intéressante, mais diffuse, sous le titre de : Lettres edifiantes et curieuses sur la visite apostolique de M. de la Baume, évêque d’Halicarnasse, à la Cochinchine, Venise, 1746, in-4o ; 1753, 3 vol. in-12. On trouve à la suite : 1o une traduction de l’Oraison funèbre de M. d’Halicarnasse, prononcée en langue du pays par un prêtre chinois, à Hué, capitale de la Cochinchine ; 2o une Lettre du R. P. Norbert, capucin, à l’auteur des Lettres, etc. A. B-t.


ACHARIUS (Éric), botaniste et médecin suédois, naquit à Gelle, le 18 octobre 1737. Son père, qui était contrôleur des douanes, lui fit faire ses premières études au collège de cette ville. Il fréquenta les cours