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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/227

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AFR

ployé comme maréchal de camp. Il commandait la garnison de Bâle lorsque cette ville fut bombardée dans le mois de juin, par la forteresse d’Huningue, et il mérita par sa conduite dans cette occasion que l’empereur d’Autriche lui envoyât la croix de St-Léopold. Louis XVIII, remonté sur le trône, ayant créé une garde royale, le comte d’Affry fut nommé colonel de l’un des régiments suisses qui en firent partie ; et il commanda cette troupe avec zèle et dévouement jusqu’à sa mort, qui eut lieu le 9 août 1818, à sa terre de Belfaux, près de Fribourg, où il était venu pleurer sur la tombe de sa mère M-d j.


AFRANIA, dame romaine du temps de César, aimait à plaider elle-même, mais elle se livrait dans ses plaidoyers à des injures si violentes, qu’elle donna lieu à une loi d’après laquelle il ne fut plus permis aux femme de faire le métier d’avocat. Moréri a bien mentionné cette Afrania, mais il ne dit rien de la loi rendue à son occasion. Cependant à l’article Calpurnia, autre dame romaine qui aimait aussi à plaider, il ajoute sur la foi d’Antonius Augustinus (de Lagibus et Sentusconsultis Romanorum), que les magistrats défendirent aux personnes du sexe de palider. C. T-y.


AFRANIUS (L.), poëte comique latin, vivait envirob 100 avant J.-C. Cicéron dit qu’il imite C. Titius, et loue la finesse de son esprit ainsi que la facilité de son style. Horace parle de lui comme d’un imitateur de Ménandre ; toutefois Afranius n’emprunta ses sujets au théâtre grec, comme ses devanciers : il s’attacha surtout à peindre les coutumes de son temps et de son pays : ce qui fit prendre à la comédie le nom de togaia, de la loge romaine au lieu de celui de palliata, du mot pallium, manteau grec. Quintilien vante les talents d’Afranius ; mis il le blâme d’avoir souillé ses pièces par des peintures obscènes contraires à la nature, et qui ne se retrouvent que trop souvent répétées chez la plupart des écrivains de l’antiquité. Suétone parle, dans la vie de Néron, d’une comédie d’Afranius intitulée l’Incendie, et dit que le pillage de la maison brûlée fut abandonné aux acteurs. Il ne reste de cet auteur que quelques fragments dans le Corpus poëtarum de Maittaire, Lond., 1715, in-fol., et dans la Collectio Pisaurensis. D-t.


AFRANIUS-NÉPOS (L.) avait servi sous Pompée, qui le nomma consul l’an de Rome 694, lorsqu’il commença à redouter César. Afranius ne fit rien de remarquable dans ces moments de trouble, parce qu’il avait de l’éloignement pour les affaires publiques. Quatorze ans plus tard, lorsque César et Pompée en furent venus à une rupture ouverte, Afranius était dans l’Espagne ultérieure, comme lieutenant de Pompée, avec Pétréius, à l’époque où César entra dans ce pays. Les deux généraux réunirent leurs troupes, et attendirent César dans un poste avantageux, près d’Ilerda, aujourd’hui Lérida. César fut battu dans la première action, et, deux jours après, il se vit comme bloqué dans son camp par l’accroissement subit de deux rivières entre lesquelles il était campé. On le crut perdu, et, à Rome, la femme d’Afranius reçut des félicitations sur le succès des armes de son mari ; mais le génie de César le sauva, et il finit par forcer les deux lieutenants de Pompes à se soumettre, même sans combat. Ils licencièrent leurs troupes, et retournèrent en Italie, après avoir promis de ne plus porter les armes contre César. Soit qu’Afranius n’eût pas tenu sa promesse, soit qu’il en eût été dégagé dans la suite, il combattit pour Pompée à Pharsale, et commando l’aile droite de son armée, quoique sa capitulation en Espagne l’eût fait accuser d’avoir trahi les intérêts de son chef. Après la journée de Thapsus, Afranius et Faustus-Sylla longèrent, avec un corps de troupes peu nombreux, les côtes d’Afrique, dans le dessein de passer en Espagne, et de s’y réunir aux restes du parti de Pompée ; mais ils furent rencontrés par Sitius, l’un des lieutenants de César, qui les battit et les fit prisonniers. Il avait intention de sauver leurs jours ; mais ses soldats les massacrèrent. D-t.


AFRANIUS (Quitianus). Voyez Pison.


AFRICAIN (Sexte-Jules), historien, né dans la Palestine, d’une famille originaire d’Afrique, vivait sous l’empereur Héliogabale, et avait fixé sa demeure à Emmaüs. Cette ville ayant été ruinée, il fut député près de l’empereur, depuis l’an 218 jusqu’en 222, pour obtenir l’ordre de la rebâtir ; il réussit dans sa mission, et Emmaüs prit depuis le nom de Nicopolis. Vers l’an 231, Jules Africain alla à Alexandrie pour entendre les discours publics d’Héraclas. Il avait été élevé dans le paganisme ; mais il embrassa dans la suite le christianisme, parvint même à la prêtrise, et mourut dans un âge très-avancé. Il savait l’hébreu, s’était appliqué à toutes sortes de sciences, et surtout à l’étude de l’Écriture sainte, sur laquelle il avait composé des Commentaires ; mais l’ouvrage qui a le plus contribué à sa réputation est sa Chronographie, écrite en cinq livres, où il avait renfermé toute l’histoire, depuis le commencement du monde jusqu’à la 3e année du règne d’Héliogabale, l’an 221, avec des discussions chronologiques sur les points douteux. Jules Africain compte 5,499 ans depuis la création jusqu’à la naissance de Jésus-Christ : c’est à peu près le calcul de tous les historiens ecclésiastiques des trois premiers siècles. Il ne nous en reste que des fragments, qui nous ont été conservés par Eusèbe, le Syncelle, J. Malalus, Théophane, Cédrène, par l’auteur du Chronicon Pasckale, et par quelques Pères de l’Église. Photius dit de cet ouvrage que, quoique concis, il n’omet rien de ce qu’il faut rapporter. Eusèbe surtout en a beaucoup profité ; dans sa Chronique même, il le copie souvent. Il nous a aussi conservé un fragment de la lettre de Jules Africain à Aristide, pour concilier St. Matthieu et St. Luc, au sujet de la généalogie de Jésus-Christ. Nous avons encore de lui sa lettre à Origène sur l’histoire de Suzanne, dont il conteste l’authenticité ; elle a été imprimée à Bâle, en grec et en latin, 1674. On admire également dans cette lettre le savoir et la modération de l’auteur. Origène y a répondu par une dissertation savante. On croit qu’il était encore païen lorsqu’il compose l’ouvrage qu’on lui attribue sous le titre de Cestes ; il y traitait de l’agriculture, de la médecine, de la physique, et