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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/258

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AGR

Saxe ; en visitant ces mines et en s’entretenant familièrement avec les mineurs, il acquit une connaissance parfaite de tous les procédés qui ont rapport à l’exploitation des métaux. Ce fut en vain qu’il assura alors aux ducs de Saxe que la portion souterraine de leurs États valait mieux que la superficie ; il en fut peu secouru, et employa tout son bien à ses savantes recherches. Parmi ses nombreux ouvrages, on doit principalement distinguer ses douze livres de Re metallica, dans lesquels il expose les diverses opérations propres à l’exploitation du mines, les machines qu’on y emploie, avec une synonymie des expressions grecques et latines relatives à cette science, et beaucoup de planches qui éclaircissent le texte. Ce livre fut imprime à Bâle, 1546, 1556, 1558, 1561, 1621, 1657, in-fol., et plusieurs fois in-8o. Il contient en outre les traités suivants ; de Animantibus subterraneis, imprimé séparément, Bâle, 1549, in-8o ; cinq livres de Ortu et Causis subterraneorum qui ne se trouvent pas dans les quatre premières éditions ; quatre de Natura corum quæ effluunt e terra ; dix de Natura fossilium ; deux de teribus et nocis Metallis et un dialogue de Re metallica. Agricola à aussi publié, à Bâle, cinq livres de Mensuris et Ponderibus Romanorum et Gracorum, 1550, in-fol. ; 1554, in-12. Nous avons encore sous son nom un traité de Lapide philosophico, Cologne, 1531. 1534, in-12. Agricola mourut en 1555, à Chemnitz, à 61 ans. Les luthériens, auxquels il s’était montre opposé, laissèrent cinq jours son corps sans sépulture. George Agricola est le premier minéralogiste qui parut après la renaissance des sciences en Europe. Il est en minéralogie ce que fut Conrad Gesner en zoologie ; la partie chimique, et principalement docimastique de la métallurgie, est déjà traitée dans son livre avec beaucoup de soin, et même a été peu perfectionnée depuis, jusqu’à la fin du 18e siècle : on voit qu’il connaissait les auteurs classiques, les alchimistes grecs, et même beaucoup de manuscrits. Cependant il croyait encore aux esprits follets, auxquels les mineurs attribuent les effets des mofettes ou exhalaisons dangereuses qui les tourmentent dans les mines. C-v-r.


AGRICOLA (George André), docteur en médecine et en philosophie, qui vivait à Ratisbonne au commencement du 18e siècle. Il se rendit célèbre en parlant des prétendues découvertes qu’il avait faites sur la multiplication des arbres et des plantes ; il avait, disait-il, trouvé le moyen de faire sortir rapidement d’une feuille ou d’une petite branche, de grands arbres, si bien que soixante arbres ne devaient pas mettre plus d’une heure a pousser ; le feu était son seul instrument ; mais il ne voulait révéler son secret qu’à cent soixante personnes, qui devaient promettre de le garder et de le payer 25 florins. En charlatan trouve aisément cent soixante dupes. Agricola eut celles qu’il voulait. Il publia divers écrits à l’appui de ces prétendues inventions : le principal est un Essai sur la multiplication universelle des arbres, des plantes et du fleurs, Ratisbonne, 1716, 2 vol., in-fol., traduit en français sous ce titre : Agriculture parfaite, ou Nouvelle découverte, etc., Amsterdam, 1720, 2 vol. in-8o ; ibid., 1752, in-8o avec fig. G-t.


AGRICOLA (Michel), né en Finlande. Il étudia la théologie et la médecine à l’université de Wittenberg. S’étant fait connaître avantageusement de Luther, ce réformateur le recommande à Gustave Ier, et, de retour dans son pays, il fut fait recteur à Abo en 1539. Gustave l’envoya ensuite en Laponie, pour prêcher le christianisme aux Lapons. En 1554, Agricola fut nommé évêque d’Abo, et il lit, quelque temps après, avec l’archevêque d’Upsal, Laurent Pétri, un voyage en Russie, pour avoir des conférences avec le clergé de ce pays : il mourut en 1557. On a de lui une traduction du Nouveau Testament en finnois, imprimée à Stockholm en 1548 ; on lui attribue aussi une traduction dans la même langue, du livre intitulé : Rituale Ecclesia ab erroribus pontificiorum repurgatum. C-au.


AGRICOLA (Jean), aussi appelé Magister Islebius, ou Maître Eisleben, parce qu’il était d’Eisleben, dans le comte de Mansfeld, ville natale de Luther. Contemporain et disciple de ce réformateur, il eut une part assez remarquable, bien que subordonnée, aux travaux et aux actes qui assurèrent le succès de la réformation et préparèrent l’organisation de l’Église luthérienne. Son véritable nom était Schniter, ou Moissonmeur, qu’il latinisa, suivant l’usage de son siècle. Il prêcha successivement et avec un grand zèle à Eisleben, à Francfort-sur le-Mein, à la diète de Spire, comme aumônier de l’électeur de Saxe, et à Witteiiberg. C’est dans cette dernière ville qu’il donna naissance à la secte des antinomi, ou antinomiens, en soutenant, contre Melauchthon, dont la célébrité excitait sa jalousie, l’inutilité de la loi de Moise dans l’œuvre de la conversion chrétienne : c’était la son véritable sentiment, et l’on a en tort de lui attribuer des opinions beaucoup plus erronées. Il n’enseigna jamais que les bonnes œuvres étaient inutiles, et mérita encore moins le titre d’anoméen, qui désigne une secte d’ariens, et qui n’a pu être appliqué à Jean Agricola que par une extrême ignorance dans l’histoire des opinions religieuses de son temps. Mosheim, qui d’ailleurs le traite assez mal, et qui lui donne les épithètes de ventosus et versipellis (vain et inconséquent), le justifie sur ce point. Un des théologiens de la communion luthérienne les plus distingués, M. C.-L. Nitzsch, professeur à Wittenberg, est allé plus loin, et a pris la défense de Jean Agricola. Les disputes qui s’élevèrent sur sa doctrine, et qui allaient lui attirer l’animadversion de l’électeur de Saxe, le déterminèrent à quitter Wittenberg, et à accepter la place de premier prédicateur de la cour de Berlin, que l’électeur de Brandebourg lui offrit en 1540. Il se livra avec zèle à ses nouvelles fonctions, et se rétracta à la fin de cette année. On a élève des doutes sur la sincérité de cette rétractation ; ce qui est plus certain, c’est la part qu’il eut, en 1548, avec Jules Plug et Michel Sidonius, à la rédaction de l’Intérim d’Augsbourg, et aux controverses des adiaphoristes, ou des théologiens protestants qui consentaient à admettre comme in-