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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/267

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AGU

de Séville, imprimés pour les première fois, in-fol., sans date, sans nom de ville ni d’imprimeur, mais avant 1472, et peut-être par Jean Mental. W-s.


AGUADO (Alexandre), marquis de la Marismas del Guadalquivir, vicomte de Monte-Ricco, né à Séville, le 28 juin 1785, dut le jour à don Alexandre Aguado, comte de Montelirion et à dona Mariano-Ramirez de Esténès. Ses premières études furent dirigées vers les sciences mathématiques, par le conseil du général Gonzalo O’farril, son oncle, sous les auspices duquel il entra, à quatorze ans, comme cadet dans le régiment de Jaen. Après avoir passé dans différents corps, il devint sous-lieutenant. Il se trouvait à Séville lors des événements qui en 1806 bouleversèrent l’Espagne, et suivit l’impulsion du mouvement national. Aguado, revêtu d’un grade militaire et appartenant à une famille distinguée, attira l’attention de la junte de gouvernement établie en cette ville, et fut nommé par elle major d’un des six régiments qu’elle créait pour la défense de la patrie. Au mois d’octobre 1808. Il prit part à la journée de Tudela. Après cette défaite, qui fut suivie du-combat de Somo-Sierra et de l’occupation de Madrid, il fit encore la désastreuse campagne de la Manche et celle de 1810, durant laquelle le maréchal Soult envahit l’Andalousie. La junte centrale, résolue de se retirer à Cadix, abandonna Séville, après en avoir confié la défense au général Herrera : mais avec les troupes démoralisées qu’on lui avait laissées et dont Aguado faisait partie, Herrera ne put se défendre ; les Français occupèrent bientôt Séville, et Aguado se retira dans ses foyers. Pendant tout le temps que Joseph résida dans cette capitale de l’Andalousie, il résista aux instances d’O’farril, ministre de la guerre du nouveau roi, qui voulait lui présenter son neveu. Le maréchal Soult fut plus heureux ; Aguado entra comme chef d’escadron dans son état-major. Lors de la création de la gendarmerie espagnole, il fut chargé d’en organiser un escadron, et devint bientôt après colonel d’un régiment de lanciers de la garde de Joseph, à la formation duquel il présida également. Tout occupé de servir par la plume comme par l’épée la cause qu’il avait embrassée, il publia la traduction de quelques écrits de Frédéric II, relativement à l’art militaire. Au retour de Ferdinand VII, Aguado fut proscrit ; il trouva des ressources dans cet esprit de calcul et de commerce que lui avaient inspiré les études de son enfance, et les exemples d’une partie des membres de sa famille établis à la Havane. Il vint se fixer en France, et y spécula sur les fruits d’Espagne et de Portugal. Le maréchal Soult, qui fut un moment ministre de Louis XVIII à l’époque du retour de Napoléon, offrit à son ancien aide de camp le commandement du régiment français destiné pour la Martinique ; Aguado refusa. Le cercle de ses affaires s’agrandissait ; il se livra à de grandes entreprises industrielles, et devint un des banquiers les plus riches et les plus influents de Paris. En 1823, lors de l’expédition d’Espagne, il seconda les armes et la politique de la France par la hardiesse de ses opération qui, en élevant si rapidement sa fortune, ont fait de lui le créateur du crédit espagnol. Nommé alors agent financier de l’Espagne à Paris, il sut procurer à son pays des ressources inespérées. Il convertit les anciens valès royaux, entièrement discrédités, en nouvelles rentes espagnoles inscrites ; celles-ci trouvèrent quelque faveur et sont encore cotées aux bourses de l’Europe sous le nom de rentes Aguado ou rentes perpétuelles. Toutefois les banquiers n’avaient que peu de confiance dans les valeurs espagnoles, parce que rien ne limite la création de ces rentes, dont l’inscription au grand livre peut être portée à l’infini, et que plus d’une fois, pour payer les intérêts, on s’est vu forcé de recourir à de nouvelles émissions. Aguado a été pendant longtemps considéré comme le roi financier de l’Espagne. Néanmoins, il n’a pas trouvé grâce devant les partis : aux yeux des libéraux, il avait eu le tort de rétablir les finances d’un gouvernement qui avait perdu tout crédit par son refus de reconnaître les bons des cortès. Les apostoliques ne lui étaient pas moins contraires, parce qu’ils ne voulaient entendre parler ni de crédit ni de dette publique, et prétendaient tenir l’Espagne en dehors du mouvement financier des autres pays. En revanche, Aguado était l’homme qui convenait aux royalistes modérés ou ministériels, à la tête desquels était Ballesteros. On peut juger de l’immensité des opérations qu’il faisait parle chiffre de 1,352 millions de réaux, auquel s’élevait la part qu’il avait pris dans les différents emprunts de France, d’Autriche, de Belgique, du Piémont, des États-Unis, etc. Il négocia l’emprunt grec de 60 millions pour le roi Othon, qui le nomma commandeur de l’ordre du Sauveur. Aguado avait obtenu, l’entreprise du canal de Castille, dont le plan remonte au règne de Philippe II, et qui promettait d’immenses bénéfices pour l’Espagne comme pour le concessionnaire. Il s’agissait, en outre, de dessécher ces immenses marais qui se trouvent vers l’embouchure du Guadalquivir. Il reçut alors le litre de marquis de las Marismas del Guadalquivir. Aguado alla à Madrid pour s’y montrer dans toute sa gloire ; elle pâlit cependant devant l’orgueil des grands d’Espagne : les financiers seuls se présentèrent chez lui. Cet accueil et les difficultés imprévues qui entravaient ses projets le déterminèrent à quitter l’Espagne, et à se démettre de l’agence financière espagnole à Paris. La France, si libéralement hospitalière pour l’étranger, était devenue en quelque sorte la Seconde patrie d’Aguado. C’est là qu’il dépensait, on peut dire royalement, les millions qu’il devait à ses habiles conceptions. Les appartements de son hôtel de la rue Grange-Batelière, ses équipages, son château de plaisance à Petit-Bourg (Seine-et-Oise), étaient ceux d’un prince. Sa galerie de tableaux dans son hôtel à Paris, riche des chefs-d’œuvre des maîtres espagnols et italiens, fait l’admiration des amateurs. C’est en 1827 qu’il acheta le château de Petit-Bourg, qui avait eu pour hôtes Louis XIV et Louis XV. Il rendit à cette résidence son ancienne splendeur. Mais Aguado n’était pas de ces hommes qui n’ont en vu que leur intérêt personnel. Il fit construire à ses frais le magnifique pont suspendu de Ris, pour faciliter les communications entre les deux rives de la Seine. Le