Aller au contenu

Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
332
ALB

n’en plus embrasser les intérêts. Charles-Quint reprocha à Albert son refus de rendre hommage à Sigismond, et le pape se contenta de faire des exhortations peu écoutées. Abandonné de tous, et pressé par les Polonais, Albert conclut à Cracovie, en 1523, un traité par lequel, renonçant au titre de grand maître et au manteau de l’ordre teutonique il reçut la Prusse inférieure comme fief de la Pologne, et avec le titre de duché, pour lui et ses descendants, sauf quelques redevances au roi des Polonais. Libre ainsi de ses vœux religieux, et n’ayant plus de guerre a soutenir, Albert embrassa la religion luthérienne, et épousa, en 1527, Dorothée, fille du roi de Danemark. Ce changement de religion et ce traité lui attirèrent des ennemis. Erich de Brunswick, commandeur à Memel, prit les intérêts de l’ordre teutonique, et marcha contre le nouveau duc ; mais ses soldats l’abandonnèrent, et il se vit obligé de faire la paix. Charles-Quint déclara nul le traité, comme contraire aux intérêts du pape, de l’Empire et des chevaliers teutoniques : Albert fut mis hors du ban de l’Empire. Sans l’éloignement de ses États, et l’entremise de Sigismond, il n’eût pu se soustraire aux coups qui le menaçaient : il dut sa tranquillité aux vives représentations du roi de Pologne. Devenu paisible possesseur de sa nouvelle principauté, il introduisit partout la confession d’Augsbourg, s’appliqua à améliorer le sort de ses sujets, fonda l’université de Kœnigsberg, et fit prospérer le commerce et l’agriculture. Quelques querelles théologiques troublèrent la fin de sa vie ; il mourut en 1568, laissant ses États à son fils Albert Frédéric. G-t.


ALBERT le Belliqueux, dit aussi l’Alcibiade de l’Allemagne, à cause de sa beauté, était fils de Camir, margrave de Culmbach, et de Suzanne, princesse de Bavière, et naquit à Quolzbach, le 28 mars 1522. En 1544, il déploya unie rare valeur dans les armées de Charles-Quint, en guerre avec la France. Ayant embrassé, en 1547 le parti de cet Empereur contre l’électeur de Saxe, le landgrave de Hesse, et les protestants, il fut battu à Rochlitz, fait prisonnier par le duc Ernest de Brunswick, et détenu à Gotha ; il ne fut relâché qu’après la bataille de Mulhberg, en 1S52. Il prit le parti de la France, et entra dans la ligue formée par Maurice, électeur de Saxe, et quelques autres princes allemands, contre Charles-Quint. À la tête d’un corps d’aventuriers, il fit une guerre de brigandages, exigeant des contributions dans tous les lieux ou il passait, brûlant les villes et les villages, et se livrant enfin aux plus odieux excès. Il força les souverains ecclésiastiques, particulièrement les évêques de Wurtzbourg et de Bamberg, à lui payer de fortes sommes : ce dernier prince fut même obligé de lui abandonner en toute propriété près de la moitié de son diocèse. Albert marcha jusqu’au Rhin, prit Spire, Worms, et ravagea toute la contrée voisine ; dans ces courses, il n’eut aucun égard aux intérêts ni aux remontrances de ses alliés ; et l’on ne pouvait guère connaître à quel parti il était attaché. Lorsque l’Empereur fît une invasion en Lorraine, et vint mettre le siége devant Metz, quelques différends qu’Albert eut avec les troupes françaises, commandées par le duc d’Aumale, l’engagèrent à s’en séparer ; il eut la témérité de les attaquer avec sa cavalerie, et repassa sous les drapeaux de Charles-Quint. Ses déprédations et ses cruautés l’avaient rendu odieux a l’Allemagne entière, et la chambre impériale le condamna à renoncer à ses usurpations sur les évêques de Bamberg et de Wurtzbourg. Il refusa d’obéir, et vit se former contre lui une ligue dont Maurice, son ancien allié, fut le chef. Une terrible bataille se donna en 1553, entre les confédérés et Albert : ce prince y fut totalement défait ; mais Maurice reçut une blessure dont il mourut. Albert, mis hors du ban de l’Empire, fut vaincu de nouveau par le duc de Brunswick, et obligé de quitter l’Allemagne. Privé de tous ses États, il languit quelques années dans l’indigence et dans l’exil. Il se rendait a un congrès que l’Empereur assemblait à Ratisbonne, pour traiter de la paix, lorsqu’il mourut des suites de son intempérance a Pfortzheim, en janvier 1558 ; Son courage et ses exploits n’ont pas sauvé sa mémoire de la honte dont l’ont souillée sa cruauté, son avidité et ses débauches. On rendit, dans la suite, ses États à ses héritiers collatéraux. G-t.


ALBERT, cardinal, électeur de Mayence, fils de l’électeur de Brandebourg, Jean, naquit en 1490, et était déjà archevêque de Magdebourg, lorsqu’il fut nommé archevêque de Mayence. Léon X approuva cette nomination, quoique la réunion de deux archevêchés sur la même tête fût sans exemple en Allemagne. Comme Albert ne pouvait payer les 30,000 ducats attachés à l’acquisition du manteau, les comtes de Fugger les lui prêtèrent ; pour l’aider à les rembourser, Léon X donna à Albert le droit de vendre des indulgences, et le dominicain Tetzel fut chargé de ce trafic. Luther s’y étant opposé, l’archevêque s’efforça d’arrêter et de détruire cette opposition : à cet effet, le pape lui envoya, au concile d’Augsbourg, le chapeau de cardinal et une épée consacrée. Comme la réformation de Luther gagnait de jour en jour, Albert se déclara le protecteur de l’Église catholique, et cependant il se vit bientôt obligé d’accorder aux habitants de Magdebourg et d’Halberstadt le libre exercice de leur nouveau culte. Il aimait la paix, et eût voulu réunir les protestants avec l’ancienne Église ; il s’acquittait fort régulièrement du service divin, tenait a l’adoration des reliques, à l’embellissement des églises, et se plaisait à dire : Dilexi decorem domus Dei. La faveur qu’il accordait aux lettres lui a valu leurs éloges. Érasme et Ulrich de Hutten l’en ont comblé : il fonda, en 1506, l’université de Francfort-sur-l’Oder, et aurait fondé celle de Halle, dont le pape avait déjà reconnu les privilèges, si les troubles ne l’en eussent empêché. Ce fut le premier prince allemand qui reçut et protégea les jésuites ; il mourut Mayence, en 1545. G-t.


ALBERT (Charles d’). Voyez Luynes.


ALBERT (Louis-Charles d’). Voyez Luynes.


ALBERT (Honoré d’). Voyez Chaulnes.

ALBERT (Louis-Joseph d’), petit-fils du con-