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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/364

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ALB

traordinaire du 11 floréal an 12, imprimerie nationale, an 12, in-8o de 7 pages ; 12o Proposition faite dans la séance du 29 floréal an 12 après la présentation et la lecture faite par les orateurs du gouvernement du sénatus-consulte organique de la veille, qui défère le titre d’empereur au premier consul, Paris, imprimerie nationale, an 12, in-8o de 2 pages : 13o Discours prononcé sur les communications relatives à la guerre, séance du 4 vendémiaire an 14, in-8o de 4 pages ; 14" Discours sur l’inauguration des drapeaux donnés au tribunal par S. M. l’empereur et roi, séance extraordinaire du 9 nivôse an 14, in-8o de 7 pages. Quelques-uns des rapports et discours d’Albisson ont été recueillis par M. Favard de Langlade, dans le Code civil des Français, suivi de l’exposé des motifs, des rapports, opinions et discours, 1806, 6 vol. in-12. F-ll.


ALBITTE (Antoine-Louis) était avocat à Dieppe et venait de terminer ses études lorsque la révolution éclata. L’exagération de ses principes le fit nommer, en septembre 1791, membre de l’assemblée législative, ou il déploya des le commencement tout le zèle et toute l’activité que sa jeunesse et son exaltation avaient du faire présumer. Membre du comité militaire, sans avoir jamais porté l’uniforme, il parla avec une incroyable assurance sur toutes les questions ; il proposa un décret sur le mode de remplacement des officiers dans les armées ; s’opposa à ce que les troupes de ligne qui recevaient leurs ordres du roi séjournassent dans le voisinage du corps législatif ; combattit sans succès, au mois de janvier 1792, un projet de loi pour l’augmentation de la gendarmerie, qu’il présenta comme dangereux pour la liberté, parla fréquemment contre les prêtres insermentés, contre les émigrés, contre Bertrand-Molleville, ministre de la marine, et contre Narbonne, ministre de la guerre, qu’il accusait d’incapacité, de trahison, et dont il demanda la mise en accusation. La déroute que nos troupes essuyèrent à Tournay dans le mois d’avril 1792 donna lieu à de violents débats. Une députation vint à la barre accuser les. généraux. Quelques députés l’accueillirent par les cris : « Chassez ces coquins ! » Mais Albitte prit chaudement la défense des pétitionnaires ; il demanda la parole, au milieu du tumulte, contre le président, se fit rappeler à l’ordre, et proposa vainement qu’il fut interdit aux généraux de faire des règlements et que les soldats eussent une plus grande part dans la composition des conseils de discipline et du jury militaire. Le 14 juillet, il fit la motion de démolir toutes les fortifications de l’intérieur. Le 14 août, il demanda, avec P. Sers, le renversement des statues des rois et l’érection des statues de la liberté, sur les mêmes piédestaux. En septembre suivant, il fut envoyé avec Lecointre-Puyravaux dans le département de la Seine-inférieure, en qualité de commissaire ; il y fit arrêter un grand nombre de suspects, et déporter des prêtres insermentés. On pense bien qu’avec de pareilles dispositions il fut un des principaux promoteurs de la révolution du 10 août 1792. Nommé aussitôt après député à la convention nationale, par le département où il venait de signaler ainsi son patriotisme, il y rendit compte, le 27 septembre, de la mission qu’il avait remplie. Il provoqua la réduction des pensions ecclésiastiques et la vente des biens des émigrés, et demanda le renouvellement des employés supérieurs de diverses administrations. Il fit rapporter, dans les séances suivantes, le décret qui autorisait les assemblées primaires à rappeler les députés soupçonnés d’avoir trahi la patrie. Le 21 décembre, il fut au nombre de ceux qui s’opposèrent ce que Louis XVI put choisir un conseil ; il vota quelques semaines plus tard la mort de ce prince, sans appel et sans sursis. Le 23 mars 1793, il fit décréter que les émigrés pris en pays étranger, armés ou non armés, seraient sur-le-champ mis à mort. Il se montra ensuite un des adversaires les plus furieux des Girondins, provoqua l’arrestation des généraux Estourmel et Ligniville, et fit envoyer devant le tribunal révolutionnaire le général Brunet, qui fut mis à mort le 6 novembre 1793. Quelques mois auparavant, Albitte, nommé avec Dubois-Crancé commissaire à l’armée des Alpes, qui fit, sous les ordres de Kellermann, le siége de Lyon, s’était rendu dans le département de l’Isère. Le 23 août, il passa avec le même titre à l’armée de Cartaux pour soumettre les insurgés du Midi. (Voy. Cartaux.) Il assista aux premières opérations du siége de Toulon et s’y conduisit avec courage[1], parcourut les départements des Bouches-du-Rhône[2], du Var, des Hautes et Basses-Alpes, et partout signala son passage par des déprédations et des cruautés. Il assista, avec Collot-d’Herbois et Fouché, à la démolition de Lyon. Le 21 janvier 1794 il fit guillotiner en effigie les rois d’Angleterre, d’Espagne, de Prusse, de Sardaigne, l’Empereur, le pape, etc. Il fit ensuite brûler, sous la figure d’une femme, la ville de Toulon. Peu de temps après son retour à Paris, il partit pour remplir une mission nouvelle dans les départements du Mont-Blanc et de l’Ain[3] ; il y reprit le

  1. Extrait d’une lettre d’Albitte aux citoyens maireet officiers municipaux de Paris : « Le règne de la Méditerranée est aux Anglais et aux Espagnols combinés… Toulon a été livré par ses abominables habitants à tous les scélérats qui s’y sont réfugies. » Dans la même lettre, Albitte expose ainsi les plans de l’étranger sur le midi de la France : « Marseille, demi-jour plus tard, aurait appartenu aux Anglais ; ou, pour mieux dire, au tyran de Sardaigne, à qui la Provence et te Dauphiné étaient réserves en partage, probablement pour rétablir l’ancien royaume d’Arles en faveur de Monsieur (depuis Louis XVIII), comme on aurait relevé les grands fiefs d’Aquitaine, de Bretagne, de Normandie, de Poitou, d’Auvergne etc. sous une régence à la Médicis et le règne d’un petit François II ou Charles IX » (Collection de M. V-VE)
  2. Il écrivait à la municipalité de Paris : de Marseille, le 9 septembre de l’an 2 : « Marseille a perdu beaucoup de son énergie ; j’espère cependant qu’elle se relèvera… : on joue par mes ordres Brutus, Scérola, Guillaume Tell, etc. Trois fois par semaine je parle au club, au spectacle, dans les places publiques… On emprisonne les traîtres et les suspects : le glaive de la loi en a déjà abattu… Soutenez la montagne qui a des traîtres ou des lâches. Point de demi-mesures. etc. » (Même Collection.)
  3. Il avait rédigé cette formule d’abjuration, qu’il faisait signer par les prêtes du département de l’Ain : « Je… âge de… commune « de… département de l’Ain, faisant le métier de… depuis l’an…sous « le titre de (prêtre, moine, chanoine ou curé), convaincu des erreurs « par moi trop longtemps professées, déclare. en présence de la municipalité « de …, y renoncer à jamais ; déclare également renoncer, « abdiquer et reconnaître comme fausseté, illusion et imposture. tout « prétendu caractère et fonction de prêtrise, dont j’atteste déposer « sur le bureau de ladite municipalité tous brevets, titres et lettres. « Je jure, en conséquence, en face des magistrats du peuple, duquel « je reconnais la toute-puissance et la souveraineté, de ne jamais me « prévaloir des abus du métier sacerdotal auquel je renonce ; de « maintenir la liberté, l’égalité ; de toutes mes forces, de vivre et de « mourir pour l’affermissement de la république, une, indivisible et « démocratique, sous peine d’être déclare infâme, parjure et ennemi « du peuple, et traité comme tel. Fait double et enregistré sur le registre «  de la municipalité de…, le… de l’an… de la république une, « indivisible et démocratique, dont copie sera délivré au déclarant » (Même Collection).