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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/373

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ALB

bret, légitimé, en 1527, par François Ier. Ce fut un courtisan adroit et assidu, et il dut sa fortune militaire, beaucoup plus à la faveur dont il jouit auprès d’Anne d’Autriche et du cardinal Mazarin, qu’a ses talents. Il devint chevalier des ordres du roi, gouverneur de Guienne, puis maréchal de France, en 1654 ; ses dignités, sa grande fortune et sa naissance le firent distinguer parmi les amants de Ninon, et les amis de mademoiselle d’Aubigné. St-Évremond a célébré, dans le maréchal d’Albret,

Un maréchal, l’ornement de la France,
Rare en esprit, magnifique en dépense.

Mais, s’il faut en croire madame Cornuel, à qui le maréchal chercha à plaire dans un âge avancé, c’était un grand faiseur de galimathias. Quand il eut cessé ses poursuites auprès de cette femme spirituelle, elle dit : « En vérité, j’en suis fâchée ; car je commençais « à l’entendre. » Le maréchal d’Albret avait appris le métier des armes sous Maurice d’Orange et Jean de Werth : il se trouva, en 1646, au siége de Mardick, et la même année, à celui de Dunkerque. Cela n’empêcha pas l’abbé d’Ammont, qui avait loué à la comédie une loge dont le maréchal s’était emparé, de lui dire, en se voyant forcé de lui céder la place : « Voyez le beau maréchal, il n’a jamais pris « que ma loge ! » Pour achever le portrait de ce seigneur brillant et fastueux, nous ajouterons qu’il avait une faiblesse assez ridicule, qui était de se trouver mal à la vue d’une tête de marcassin. Ce qui fit demander au maréchal de Clérambault : « Si ce ne « serait pas se battre avec avantage contre le maréchal « d’Albret que de se présenter contre lui l’épée « dans une main, une tête de cochon dans l’autre. » D’Albret mourut en 1676, a 62 ans. S-y.


ALBRIC, ALBRICUS, ou ALBRICIUS, philosophe et médecin, né à Londres dans le 11e siècle. Après voir étudié dans les universités de Cambridge et d’Oxford, il voyagea pour se perfectionner. Bajée, dans sa Seconde Centurie des écrivains illustres de la Grande-Bretagne, cite de lui divers ouvrages écrits en latin, mais qui n’ont jamais été imprimés ; en voici les titres : 1o de Origine Deorum ; 2o de Ratione veneni ; 3o Virtutes antiquorum ; 4o Canones speculativi. On trouve, dans les Mythographi latini, Amsterdam, 1681, 2 vol. in-12, un petit traité de Deorum imaginibus, également composé par un Albric ; mais on ignore s’il faut l’attribuer au savant anglais, ou à un autre Albric, évêque d’Utrecht, qui vivait dans le 8e siècle. L’abbé le Bœuf l’attribue à ce dernier ; mais D. Rivet, dans son Histoire littéraire, prétend qu’il n’est ni de l’un ni de l’autre, et le croit plus ancien. N-l.


ALBRIZZI (Isabella Téotochi, comtesse d’), l’une des femmes les plus distinguées de l’Italie contemporaine. Née à Corfou en 1770, elle quitta de bonne heure sa patrie et apprit la langue italienne, qu’elle parvint à parler et à écrire avec autant de correction que d’élégance. Elle épousa d’abord un homme de lettres, Marino, qui la laissa veuve, et elle s’unit en secondes noces au comte Albrizzi. Son âme était naturellement généreuse, et son meilleur travail littéraire lui fut inspiré par l’amitié. Elle traça, dans un livre intitulé Ritratti (Portraits), Brescia, 1807, le caractère des hommes les plus remarquables parmi lesquels elle avait vécu : Césarotti, Bertola, Allieri, Ugo Foscolo, Quirini, le général Cervoni, etc. Ses jugements se ressentent naturellement du sentiment qui les a dictés, et l’on y trouve beaucoup moins de vérité que de grâce et même d’originalité. Le même auteur a donné, en 1822, l’œuvre de Canova (Opera di plastica di Canova), avec un aperçu sur ce célèbre artiste, et l’appréciation de chacune de ses admirables productions. Lord Byron eut de madame Albrizzi l’opinion la plus flatteuse : il avait trouvé sa conversation si attrayante et si animée, ses manières si gracieuses, qu’il ne craignit pas de l’appeler la madame de Staël de Venise. Elle est morte en 1836. H. D-z.


ALBUCASIS, médecin arabe, nommé aussi Albucasa, Albuchasius, bucchasis, Bulcaris-Galaf, Alsaharavius et Azaravius, et dont le véritable nom est Aboul-Caçem-Khalaf-Ben-Abbas, était natif d’Alzahrah, ville d’Espagne. Il s’appliqua de bonne heure à l’art de guérir, et y fit des progrès si rapides, qu’il devança de beaucoup ses prédécesseurs, et s’acquit une grande réputation en Espagne et dans les pays voisins. On a été longtemps dans le doute, relativement à l’époque où il vécut ; mais on sait maintenant qu’il mourut à Cordoue, l’an 500 de l’hégire (1106-7 de de J.—C. ). Malgré les éloges que lui donne son premier traducteur, Paul Ricius, juif allemand et médecin de l’empereur Maximilien Ier, qui ne trouve au-dessus de lui qu’Hippocrate et Galien, on ne doit le mettre qu’au rang des compilateurs ; il est même le plagiaire de Rhasès ; en plusieurs endroits, ce sont les mêmes mots, la même division de chapitres. Ses ouvrages sont réunis sous le titre d’Al-Taerif, ou Méthode de pratique, qui est divisée en trente-deux traités. On en a plusieurs éditions latines : celle de Venise, in-fol., en 1500, a paru avec les écrits Octavianus Horatianus ; une autre, de la même ville, en 1520, comprend la Chirurgie de Pierre de Argillata. Celle d’Augsbourg, 1519, in-fol., est très-rare ; elle est intitulée : Théorie neenon Practicæ liber ; celle de Strasbourg, 1532, in-fol., Manualis medicine. La principale a pour titre : Medendi Methodus certa, clara et brevis, pleraque quæ ad medicinæ partes omnes, præcipue quæ ad chirurgiam requiruntur, libris tribus exponens, Basileæ, 1541, in-fol. Albucasis était plus chirurgien que médecin ; il est le premier qui ait parlé des instruments de chirurgie, et qui en ait donné des figures ; il est encore bon à consulter sous ce double rapport. Jean Channing a donné à Oxford, en 1778, une nouvelle édition de la Chirurgie d’Albucasis, avec une traduction latine, le texte arabe, et les figures des instruments, 2 vol. in-4o, rares en France. C. et A-n.


ALBUMAZAR, ainsi nommée par les Occidentaux, mais dont les véritables noms sont Djafarben-Mhammed-Ben-Omar (Abou-Machar), naquit à Balkh, dans le Khoraçan, l’an 190 de l’hégire (805-806 de J.-C.) ; il s’adonna longtemps aux traditions mahométanes ; et, après avoir été violent détracteur