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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/377

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ALC

site, de lui, le saluait en grec, et le faisait saluer en la même langue par tous ses gens. Albutius avait gouverné la Sardaigne en qualité de propréteur ; il demanda au sénat de faire rendre des actions de grâces aux dieux, pour quelques avantages qu’il avait remportés contre les brigands, et n’obtint point cet honneur. Scœvola, et quelques autres, l’accusèrent ensuite de concussion, et le firent condamner au bannissement. Plus libre alors de se livrer à son goût pour les manières grecques, il revint à Athènes, où l’on pense qu’il mourut. Cicéron, dans son Brutus, dit qu’Albutius eût été un meilleur orateur, s’il n’eût pas eu un penchant si vif pour l’épicurisme ; qu’il possédait bien la littérature grecque, et qu’il avait compose plusieurs harangues. D-t.


ALBUTIUS-SILUS (Caïus), orateur romain du temps d’Auguste, était originaire de Novare, où il avait exercé les fonctions d’édile ; mais des gens contre lesquels il avait prononcé un jugement l’ayant insulté, il vint à Rome, ou il s’associa avec l’orateur Munacius Plancus. Cette union entre deux hommes qui parcouraient la même carrière ne fut pas de longue durée ; Albutius ouvrit seul une école en son nom, et se mit à plaider. Une aventure assez singulière, et qui mérite d’être rapportée, l’obligea de renoncer au barreau. Il crut un jour ne faire qu’une figure oratoire, en disant à l’avocat son adversaire : « Jurez par les cendres et par la mémoire « de votre mère, et vous gagnerez votre cause. » Son adversaire dit aussitôt qu’il acceptait la condition. En vain Albutius prétendit qu’il n’avait eu l’intention que d’employer une figure de rhétorique, et qu’on ne devait pas prendre à la lettre ce qu’il avait dit : les juges admirent le serment, et Albutius perdit sa cause. Dans sa vieillesse, ce philosophe, étant accable d’infirmités, retourna à Novare, où il assembla le peuple pour lui représenter, dans une harangue fort étendue, que l’âge et les maladies lui rendaient la vie insupportable ; ensuite il se laissa mourir de faim. Un passage de Quintilien donne à croire qu’Albutius avait composé une Rhétorique. D-t.


ALCACAR. Voyez Alcazar.


ALCACOVA (Dom Pèdre d’), était, en 1574, conseiller de Sébastien, 16e roi de Portugal. Il avait joui d’un immense crédit sous le roi Jean III. C’était un homme souple, adroit, habile dans l’art de feindre. Les courtisans, jaloux de son pouvoir, se liguèrent contre lui et parvinrent à le perdre dans l’esprit du roi. Alcaçova fut dépouillé de ses charges et éloigné de la cour, qui fut, après son départ, agitée par de continuelles intrigues. Chaque courtisa se disputait l’avantage de devenir le favori de Sébastien, prince faible et passionné, qui ne pouvait se passer de favoris. Une division sérieuse éclata entre me roi et ses ministres. Ce fut cette division qui fournit à dom Pèdre Alcaçova l’occasion de revenir à la cour. Il demanda la restitution de son poste ; elle lui fut accordée. Dès lors, afin de prévenir une seconde chute, il chercha les moyens de s’assurer l’amitié de Christoval Tavora, favori actuel du roi, en lui demandant la main de sa sœur pour son fils aîné. La proposition fut agréée. Sébastien approuva ce mariage et rendit toute sa confiance à Alcaçova, qui, enchanté du retour de ce prince, conçut le projet de devenir lui-même son favori. Il s’appliqua sans cesse à lui plaire. Épiant ses moindres démarches, ses moindres mouvements, il flattait habilement ses passions, et paraissait partager ses vues. Quand les projets du roi offraient des difficultés, il cherchait à les aplanir, il proposait des expédients ; mais, pour montrer que ces expédients lui étaient inspirés par un zèle désintéressé, il les condamnait quelquefois, et en proposait d’autres. Par cette flexibilité, il subjugua tellement l’esprit du roi, que ce prince le revêtit de la surintendance de ses finances. Sébastien, alors en paix avec tous les princes de l’Europe, et n’ayant aucune entreprise à craindre de la part des Maures, songeait à passer aux Indes. Comme ce projet contrariait les intérêts et les vues d’Alacaçova, il sut, par d’adroites raisons, détourner son maître de l’exécuter, du moins pour le moment. Il se présenta bientôt une occasion ou il rendit un important service au roi. Il fut chargé d’aller à la cour de Philippe II, roi d’Espagne, pour négocier le mariage de son maître avec l’une des filles de ce prince, et pour ménager une entrevue entre les deux rois. Sébastien avait besoin des secours de Philippe pour une expédition qu’il méditait en Afrique. Alcaçova réussit complètement. Le roi d’Espagne indiqua pour lieu du rendez-vous la ville de Guadeloupe, située dans l’Estramadure. Le ministre portugais ne retourna à Lisbonne qu’en 1576. Lorsque, deux ans après, Sébastien partit pour son expédition d’Afrique, dom Pèdre d’Alcaçova reçut.la régence du royaume, concurremment avec dom Georges d’Almada, archevêque, de Lisbonne, dom François de Sada et dom Juan Muscarègnas, il avait plein pouvoir d’expédier avec eux toutes les affaires qui surviendraient pendant l’abscence du roi. Peu de temps après, la nouvelle de la défaite et de la mort du roi parvint en Portugal ; les trois collègues d’Alcaçova en furent consternés. Quant à lui, dont le lâche cœur était plus occupé de ses intérêts propres que de ceux de sa patrie, il se hâta d’informer secrètement Philippe II de tout ce qui se passait en Portugal. Il ne tarda pas de recevoir la récompense de sa bassesse et de sa déloyauté : le cardinal Henri ayant succédé au présomptueux Sébastien le dépouilla de ses charges et le relégua à vingt lieues de Lisbonne. En agissant ainsi, Henri ne punissait pas une trahison qu’il ignorait, mais les offenses qu’il avait reçut d’Alcaçova sous le règne précédent. En 1581, Philippe II (voy. ce nom), qui venait d’ajouter le Portugal à ses vastes États, rétablit Alcaçova dans la charge qu’il avait occupée sous dom Sébastien. L’année suivante, il l’admit dans son conseil. Mais le nouveau conseiller survécut peu à ce retour de la fortune ; il mourut peu de temps après. M-d j.


ALCADINUS, fils de Garsia, médecin célèbre du 12e siècle. professa dans l’école de Salerne, ou il avait fait ses études. Sa réputation s’étendit, bientôt dans tout le royaume de Naples, et même en Sicile, ou il fut appelé par l’empereur Henri VI, qui se trou-