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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/408

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Quelques historiens ont douté de la réalité de cette conspiration, dont on ne trouve aucunes traces dans les recueils d’actes publics, tels que la grande Collection de Rymer, le Catalogue des rôles français, normands et gascons, les pièces recueillies par Bréquigny et par le Noir. La persécution de la cour ne signifie rien contre lui, et ses aveux, arrachés par des promesses fallacieuses, n’avaient pour objet que de faire tomber ses fers. D’ailleurs le roi d’Ang4eterre, Henri VI, monarque pusillanime et indifférent aux événements, n’était guère propre a fomenter chez ses voisins une conspiration difficile a conduire. Quoi qu’il en soit, le duc fut arrête en 1456, et condamné a mort le 10 octobre 1458. Ce jugement, rigoureux fut généralement blâmé. Le roi commua la peine en un emprisonnement perpétuel. Jean fut conduit au château de Loches, et y resta jusqu’à l’avènement de Louis XI, qui lui rendit la liberté. À son retour d’un pèlerinage à St-Jacques de Compostelle, Jean, excité à la vengeance, et par ses propres ressentiments, et par les intrigues de quelques moines, conspira cette fois en faveur d’Édouard, roi d’Angleterre. Louis XI le fit arrêter le 8 mai 1470, et reconduire à Loches, puis livrer à une commission qui le condamna encore à la peine de mort le 14 juillet 1471. La peine fut encore commuée, et le duc, mis en prison, y mourut en 1476. Ce prince avait fait quelques vers que l’on trouve dans le manuscrit des poésies de Charles, duc d’Orléans. (C’est a tort que, dans la 4"édition de la Biographie universelle, t. 4, p. 489, on date le second procès du duc d’Alençon de 1474, et le premier de 1458 ; et qu’on assure qu’il avait recouvre sa liberté en 1475 ; il n’en avait eu que la promesse.) — René. Fils du précédent, il fut d’abord en grande faveur auprès de Louis XI, qui l’appelait on mignon, mais qui ne put le retenir a sa cour. Ce qui s’y passait ne pouvait guère rassurer un prince aussi timide que l’était René. Il allait se retirer auprès du duc de Bretagne, lorsqu’il fut arrête en 1481, et conduit au château de Chinon, où on l’enferma dans une cage de fer pendant trois mois. Jugé par des commissaires réunis au parlement, et sans égard aux prérogatives de la pairie, l’infortuné René, qui n’était coupable que de quelques propos légers, mais innocents, et d’une tentative d’évasion, fut condamné à mort le 22 mars 1484, comme simple comte du Perche. L’arrêt ne fut pas mis à exécution ; mais René ne recouvra sa liberté qu’a la mort de Louis XI. Charles VIII lui rendit justice entière, et lui restitua ses biens, ses dignités et ses droits d’apanage et de pairie. Après avoir sagement administré ses biens, le bon René mourut à Alençon le 1er novembre 1492, à l’âge de 52 ans. Sa femme, Marguerite de Lorraine, fit plusieurs fondations pieuses, et mourut religieuse de Ste-Claire à Argentan, le 1er novembre 1521, après avoir réformé la coutume du Perche. Plusieurs auteurs ont écrit la vie de cette princesse. — Charles IV. Né à Alençon le 2 septembre 1489, il était fils de René et de Marguerite, qui lui fit épouser, l’illustre Marguerite de Valois. Charles fit ses premières armes en Italie, où il accompagna Louis XII en 1507 ; il y retourna en 1509, et combattit vaillament à la bataille d’Agnadel, où les Vénitiens furent battus. Beau--frère de François Ier, il représenta au couronnement de ce monarque le duc de Bourgogne, et fut nommé premier prince du sang, puis gouverneur de la Normandie, de la Bretagne et de la Champagne. Il retourna une troisième fois en Italie, et se trouva en 1515, à la bataille de Marignan. Dans la campagne des Pays-Bas, il obtint le commandement de l’avant-garde, qui revenait au duc de Bourbon, et cette injustice fut une des principales causes de la trahison du connétable. Jusque-là, Charles avait été sans reproches : il n’en fut pas de même à la désastreuse bataille de Pavie, où, chargé de commander l’arrière-garde ; il négligea ses devoirs, et prit la fuite, le 24 février 1525, pour sauver, pendant qu’il en était temps encore, les débris de l’armée qui, plus tard, eût trouvé toute retraite fermée à travers les Alpes. Poursuivi par les plus outrageants reproches, accablé des dédains de sa propre femme, il mourut de chagrin à Lyon le 11 avril 1524. Comme ce prince n’avait pas laissé d’enfants, le duché d’Alençon devait être réuni à la couronne ; il ne le fut pas encore : le roi en laissa la jouissance a sa sœur bien-aimée. (Voy. Marguerite de Valois.) À la mort de cette princesse, la réunion du duché d’Aleçon fut prononcée en 1549. — Catherine de Médicis fut duchesse d’Alençon de 1559 à 1566. Le 8 février de cette année, Charles IX composa l’apanage de son plus jeune frère (François) du duché d’Alençon et du comté du Perche. Ce prince, plus connu sous le titre de duc d’Anjou (voy. Anjou), naquit le 18 mars 1554, et à sa confirmation changea son nom d’Hercule en celui de François. Il prit possession d’Alençon le 9 juin 1570. Après le massacre de la St-Barthélemy, François, qui témoigna son mécontentement de cette horrible mesure, quitta la cour le 15 septembre 1575, et se retira à Alençon, où il fut bientôt joint par le roi de Navarre (Henri IV). Au mois de mai 1577, François retourna à la cour, ou les désagréments qu’il éprouva le détermineront à l’abandonner de nouveau pour reprendre secrètement la route d’Alençon, en février 1578. Il mourut le 10 juin 1584, non pas à 29 ans, mais à 30 ans et près de 5 mois. — Le duché d’Alençon fut de nouveau réuni à la couronne par déclaration du 9 août 1584. — Marie de Médicis. Henri IV avait vendu a titre d’engagement le duché d’Alençon en 1605 au duc de Wurtemberg, qui le posséda jusqu’à sa mort, le 29 janvier 1608, et le transmit à son fils, qui en jouit jusqu’en octobre 1612. Marie de Médicis ayant remboursé ce qui était due à ce duc, obtint la jouissance de cet apanage par lettres patentes du mois de septembre 1612. — Lorsque Louis XIV partagea avec son frère, Gaston d’Orléans, la succession de Marie de Médicis, Gaston eut dans sa part le duché d’Alençon en 1646. En 1660, à la mort de ce prince, sa femme, Marguerite de Lorraine, jouit en douaire du duché d’Alencon, qui passa en 1667 a sa seconde femme, Élisabeth d’Orléans, connue d’abord sous le nom de mademoiselle d’Alençon. Née le 25 décembre 1646,