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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/428

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ALE

partie de la Syrie ; mais s’étant cru assez puissant pour ne pas s’assujettir à la honte d’un tribut annuel que Ptolémée Phyacon exigeait de lui pour l’avoir aidé à monter sur le trône, ce refus irrita le roi d’Égypte, qui prit aussitôt le parti d’Antiochus Épiphanes, roi légitime, et entra en Syrie avec une puissante armée. Zabinas fut vaincu, et forcé de se réfugier à Antioche. N’ayant plus alors de quoi payer ses soldats, il leur permit de piller le temple de la Victoire, il leur permit de piller le temple de la Victoire, et prit lui-même la statue de Jupiter, qui était d’or massif. Irrités de ce sacrilège, les habitants se révoltèrent contre Zabinas, et le chassèrent, au moment où Ptolémée Phyacon s’avançait vers Antioche, à la tête d’une armée ; les troupes de Zabinas n’osèrent point une seconde bataille, et se dispersèrent. L’imposteur, abandonné, s’embarqua sur un petit navire qui mettait à la voile pour la Grèce ; mais il fut pris en mer par un corsaire, et livré au roi d’Égypte, qui le fit mourir, après règne de 4 ans. B-p.


ALEXANDRE Jannée, roi des Juifs, 3e fils d’Hircan, succéda à non frère Aristobule, l’an 102 avant J.-C., et prit, comme lui, le titre de roi, qu’il réunit à la dignité de grand prêtre. Voyant la Syrie en proie à des guerres civiles, il voulut l’envahir ; mais il se vit forcer de lever le siége de Ptolémaïde, pour aller défendre ses propres sujets contre Ptolémée Lathyre, roi d’Égypte, qui le défit sur les bords du Jourdain. Alexandre fut secouru par la propre mère de Ptolémée, qui voulait détrôner son fils ; il mit la Palestine à couvert de toute invasion, fit le siége de Gaza, qu’il voulait punir ; et, ayant pris par trahison cette malheureuse ville, il en égorgea les habitants, et la réduisit en cendres. À son retour à Jérusalem, il fut insulté par les habitants, et ne voulant plus confier la garde de sa personne à un peuple qu’il ne pouvait ni intimider ni gagner, il prit à sa solde 6,000 étrangers. Alexandre, fatigué par les clameurs des mécontents, sortit de Jérusalem pour aller porter la guerre en Arabie. Il n’y fut pas heureux. Sa défaite ayant augmenté l’audace des mécontents, ils ce révoltèrent, et Alexandre marcha contre ses propres sujets. Cette guerre civile dura six ans, et coûta la vie à plus de 30,000 Juifs. Accablé par les troupes royales, les rebelles implorèrent le secours de Démétrius Eucaérus, qui parut en Judée avec une armée formidable. On en vint à une bataille dans laquelle Alexandre fut vaincu, selon le récit de Josèphe, qui ne s’accorde pas avec l’auteur du 4e livre des Machabées, suivant lequel Alexandre vainqueur. Quoiqu’il en soit, la retraite du roi de Syrie permit à Alexandre de marcher de nouveau contre les Juifs rebelles, qu’il tailla en pièces. Il en fit crucifier huit cents le même jour, et, au même moment, on égorgea leurs femmes et leurs enfants : ces atrocités s’exerçaient pendant un destin qu’Alexandre donnait à ses concubines dans un pavillon d’où elles purent repaître leurs regards de l’horrible spectacle. Josèphe ajoute que ce dernier trait fit donner à Alexandre le surnom de Thracide, ou Thrace, peuple fameux par sa barbarie. Alexandre ayant étouffé la rebelion par la terreur, recommença ses incursions au dehors, et conquit en trois ans un grand nombre de places en Syrie, en Phénicie, en Arabie et en Idumée. Il revint à Jérusalem, où il fut reçu en vainqueur, reprit le cours de ses conquêtes, et mourut d’intempérance devant l château de Ragaba, dont il faisait le siége, l’an 76 avant J.-C.., après un règne de 27 ans. Il laissa deux fils, Hircan et Aristobule, et remit, en mourant, les rênes de l’État a sa femme Alexandra. B-p.


ALEXANDRE, fils d’Aristobule II, roi de Judée, fait prisonnier avec son père, et amené à Rome par Pompée, s’évada, reparut en Judée, et renouvela une guerre funeste aux Juifs. Cette nation était alors gouvernée par Hircan, que Pompée avait mis sur le trône. Alexandre, ayant rassemble une armée de 10,000 fantassins et de 1,500 chevaux, s’empara de plusieurs forteresses au pied des montagnes de l’Arabie, et fit de là des excursions en Judée. Hircan, hors d’état de résister, implora le secours des Romain. Marc-Antoine, envoyé par Gabinius, gouverneur de Syrie, défit Alexandre près de Jérusalem ; et ce prince, vaincu, se renferma dans la ville d’Alexandrion, où Gabinius l’assiégea. Alexandre fit alors des propositions de paix qui furent acceptées ; mis ayant repris les armes pour servir la cause de César, qui avait relâché Aristobule, son père, il remporta d’abord quelques avantages sur le parti de Pompée ; abandonné ensuite par une partie de ses troupes, et serré de près. À son tour, par Gabinius, il hasarda près du mont Thabor, avec environ 30,000 hommes qui lui restaient, une bataille qui finit par la défaite totale des Juifs, dont 10,000 furent tués. Alexandre tomba quelque temps après au pouvoir de Métellus Scipion, qui lui fit trancher la tête à Antioche, l’an 49 avant J.-C. B-p.


ALEXANDRE SÉVÈRE (Marcus Aurelius Severus Alexander), empereur, avait pour nom de famille Alexianus. Il naquit à Arco, en Phénicie, vers l’an 409, et eut pour père Génésius Marcianus, de qui on ne sait rien, si ce n’est qu’il était Syrien, et qu’il fut consul. Sa mère, Mamæa, était fille de Mœsa, et sœur de Sœmias, mère d’Héliogabale ; de sorte qu’Alexianus était cousin germain de cet empereur. Quoique d’une famille connue par la dissolution de ses mœurs, Mamæa se faisait respecter par un grand caractère, et on la croyait même attaché aux maximes du christianisme. Elle mit beaucoup de soins à développer chez son fils les qualités de l’esprit, aussi bien que celles du corps, et les excellentes dispositions du jeune Alexien secondèrent parfaitement ses intentions. Lorsque les excès d’Hléliogabale firent concevoir l’espérance qu’il terminerait bientôt son odieuse carrière, Mœsa, son aïeule, eut l’adresse de lui faire adopter son cousin, qui n’était que de quelques années plus jeune que lui. Il le nomma César, et changea le nom d’Alexianus en celui d’Alexandre, auquel on ajouta le surnom de Sévère. Héliogabale chercha d’abord à corrompre son fils adoptif, sous prétexte de diriger son éducation ; Mamæa s’y opposa fortement : son ascendant sur son fils suffisait pour détruire les mauvais exemples