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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/430

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ALE

se hâta de faire des préparatifs pour s’opposer à cette redoutable attaque. Il assembla une armée, composée des gardes prétoriennes et d’une partie des légions de l’Europe, encouragea ses troupes par d’abondantes largesse, et quitta Rome vers l’an 232. Dans sa marche, il fit observer une discipline sévère, et conserva en même temps l’attachement de ses soldats par la plus vigilante attention à tous leurs besoins, et les manières les plus affables. Une seconde ambassade, qu’il envoya au monarque persan, n’obtint qu’une réponse arrogante. Nous n’avons, sur les opérations militaires qui s’ensuivirent, que des rapports vagues et contradictoires. Herodien assure qu’Alexandre vit échouer tous ses projets, et qu’il retourna ignominieusement à Antioche, avec la haine et le mépris de ses soldats. Lampride, au contraire, parle d’une victoire considérable qu’il remporta sur Artaxerce, dont les troupes étaient aussi nombreuses que l’avaient été autrefois celles de Darius. Alexandre lui-même, de retour à Rome, se vanta de ce succès dans le récit qu’il fit au sénat. Le triomphe qui lui fut décerné par ce corps, depuis si longtemps asservi, n’est pas une preuve du fait ; mais le résultat de cette guerre fut qu’Artaxerce sortit de la Mésopotamie, et demeura tranquille dans ses États. Alexandre resta peu à Rome : il fut obligé de quitter cette ville, à la nouvelle d’une incursion des Germains, qui avaient passé le Rhin et attaque la Gaule, Il marcha contre eux, en 254, avec une armée nombreuse. Il était accompagné de sa mère, qui conservait sur lui toute son influence, et offrit encore la guerre ou la paix aux barbares, montrant l’intention, selon Hérodien, d’acheter la paix à prix d’argent. Quelques désordres ayant eu lieu parmi les légions de la Gaule, Alexandre forma l’entreprise dangereuse de les apaiser, et d’introduire parmi elles une rigoureuse discipline. Il y avait alors dans l’armée un barbare, né en Thrace, appelé Maximin. D’abord simple soldat, cet homme avait été nommé par Alexandre, qui aimait sa bravoure, chef d’un corps de Pannoniens, et s’était concilié l’affection des soldats. Il profita du mécontentement que leur inspiraient les efforts d’Alexandre pour rétablir la discipline, et les enflamma à un tel point, que, dans une sédition soudaine, ils le proclamèrent empereur. Ils coururent aussitôt vers Alexandre, qui ne put se défendre, et fut massacré, ainsi que sa mère, le 19 mars 235 de J.-C. Il n’avait alors que 26 ans, et avait été marié trois fois ; il ne laissa point d’enfants, Le sénat et le peuple furent sincèrement affligés de sa mort, et lui déferrèrent des honneurs extraordinaires. Quoiqu’il fût doué d’excellentes qualités, sa faiblesse et son irrésolution ne permettent pas de le placer au rang des grands princes. L’avarice et l’ambition de sa mère, qu’il eut la faiblesse d’écouter trop souvent, ont souillé une partie de son règne. Alexandre se montra favorable au christianisme, dont il parait avoir admiré, sous quelques rapports, les principes, sans avoir jamais témoigné le désir de l’embrasser : en retour de cette bienveillance, les écrivains chrétiens l’ont peint avec des couleurs très-flatteuses. D-t.

ALEXANDRE, empereur d’Orient, naquit, vers l’an 870, de l’empereur Basile le Macédonien, et d’Eudocie. Léon le Philosophe, frère aine d’Alexandre, le désigna pour son successeur, en 911, et mourut peu de jours après. Alexandre, qui jusque là avait été retenu dans les bornes du devoir par la crainte que lui inspirait son frère dont il n’était pas aimé, ne se vit pas plutôt maître de l’empire, qu’il s’abandonna à toutes ses passions ; les ministres de ses plaisirs devinrent les maîtres de l’État. Il fit déposer et accabler de traitements ignominieux le patriarche Eutyme, et rendit le siége de Constantinople à Nicolas, qui l’avait perdu sous le règne de Léon, pour s’être opposé aux quatriémes noces de ce prince avec Zoé, mère de Constantin Porphyrogénète. Cependant Alexandre fit chasser cette princesse, et, craignant que le peuple ne favorisât Constantin, qui était associé à l’empire, il voulut faire mutiler ce jeune prince. Ses courtisans lui épargnèrent ce crime, en lui représentant que Constantin était trop faible pour vivre longtemps, et qu’il valait mieux laisser à la nature le soin de le délivrer de ce rival. Cependant Alexandre, par son imprudence, allait attirer à l’empire de dangereux ennemis. Siméon, roi des Bulgares, lui fit proposer de renouveler les traités que les empereurs grecs avaient conclus avec lui ; Alexandre reçut les ambassadeurs avec mépris, et crut les effrayer par de vaines bravades. Le roi bulgare, irrité, rassembla toutes ses forces, et se prépara à fondre sur l’empire. Alexandre ne vit point les maux qu’il avait causés : la mort termina, le 7 juin 912, une vie funeste à l’État, et dégradée par les vices les plus honteux. Il avait régné 1 an et 29 jours ; il ne parait pas qu’il ait laissé d’enfants. L-S-e.


ALEXANDRE (Saint), évêque de Jérusalem, occupait un siége épiscopal en Cappadoce, lorsque Narcisse le choisit pour son coadjuteur dans celui de Jérusalem. C’est la première fois qu’il est parlé, dans l’histoire, de la translation d’un évêque à un autre siége, et de la nomination d’un coadjuteur ; mais il faut observer que cette exception aux règles canoniques était fondée sur l’extrême vieillesse de Narcisse, plus que centenaire, et qu’elle eut lieu dans un concile des évêques de Palestine, convoqués à ce sujet. Alexandre avait été le condisciple d’Origène ; il fut son défenseur, l’autorisa à prêcher lorsqu’il n’était encore que laïque, et l’ordonna prêtre, du consentement des évêques de Cappadoce. Il avait formé à Jérusalem une belle bibliothèque, qui subsistait encore du temps d’Eusèbe, à qui elle fournit beaucoup de ressources pour la composition de son Histoire ecclésiastique. Ce saint évêque avait confessé la foi en 204, et était resté sept ans dans les fers ; il fut arrêté une seconde fois sous la persécution de l’empereur Dèce, et mourut de misère en prison à Césarée, en 251. De toutes les lettres qu’il avait écrites, il ne nous reste que les fragments oe quatre, conservés par Eusèbe. T-d.


ALEXANDRE Ier (Saint), élu pape en 109, succède à St. Evariste, et meurt en 119. Fleury convient que les dates de cette époque sont incertaines, mais