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fils aîné de Philippe-Auguste, pour prêter son secours au parti qui s’était révolté contre le roi Jean. Lorsque ce roi se fut réconcilié avec le pape, le roi d’Écosse, qui revenait dans ses États a main armée, fut attaqué dans sa retraite. et courut de grands dangers, auxquels il échappa par la mort de Jean. Les pillages qu’Alexandre avait exercés sur sa route portèrent le pape à mettre le royaume d’Écosse en interdit. En 1221, Alexandre épousa Jeanne, sœur du roi d’Angleterre, Henri III : ce mariage maintint la paix entre ces deux royaumes pendant dix-huit ans. Après la mort de Jeanne, des dissensions s’élevèrent entre les deux rois ; mais elles furent apaisées par la médiation du comte de Cornouailles et de l’archevêque d’York. Alexandre épousa ensuite la fille de Coucy, baron français. Quelques troubles s’étant élevés dans l’Argyleshire, Alexandre s’embarqua pour ce pays ; mais, étant tombé malade, il fut porté à terre dans une des Iles de la côte, et y mourut, en 1249, à l’âge de 51 ans, ne laissant qu’un fils de sa seconde femme. D-t.


ALEXANDRE III, fils du précédent, naquit en 1240, et monta sur le trône à l’âge de huit ans. Peu de temps après, on lui fit épouser Marguerite, fille de Henri III, roi d’Angleterre. Ce roi enfant fut alors, ainsi que sa femme, gardé comme en prison par les Cumings, famille puissante en Écosse. Henri s’avança vers ce pays pour leur rendre la liberté, et y parvint, lorsque ses émissaires l’eurent rendu maître du château d’Edimbourg. Cependant, jusqu’à ce que le roi fût en âge de tenir lui-même les rênes du gouvernement, d’autres troubles eurent encore lieu. En 1263, Haquin, roi de Norwége, qui avait des prétentions sur les Iles occidentales de l’Écosse, parut avec une flotte considérable, se rendit maître d’Aire, et s’avança dans l’intérieur du pays. Alexandre alla an-devant de lui, et ils se rencontrèrent à Largs, où fut livrée une bataille sanglante. Les Norwegiens, totalement défaits, y perdirent 16,000 hommes. Buchanan donne à Alexandre Stuart l’honneur de cette journée, et parait douter que le roi eût été présent à l’action. Haquin mourut peu de temps après ; et son successeur Magnus renonça, moyennant une somme d’argent, à toute prétention sur les Iles qui avaient été le sujet de la guerre. L’amitié de ce prince avec Alexandre devint encore plus étroit ; par le mariage d’Éric, prince de Norwége, avec Marguerite, fille d’Alexandre. Éric, devenu roi, fut toujours intimement lié avec son beau-père, et vint le joindre à la tête de 5,000 hommes, lorsqu’Alexandre eut à combattre ses barons. Le roi d’Écosse assista, avec toute sa famille, au couronnement d’Édouard, roi d’Angleterre, et au parlement tenu en 1282, avec la qualité de premier pair d’Angleterre. Il perdit successivement tous ses enfants, et il ne lui resta qu’une petite-fille en bas âge, née de la reine de Norwége. Comme il était veuf, les états insistèrent pour qu’il contractât un second mariage, et il épousa une française nommée Iollette, fille du comte de Dreux ; mais, peu de temps après, il périt à la chasse, l’an 1285, entraîné par son cheval dans un précipice. Il était âgé de 45 ans, et en avait régné 37. Ses sujets le regrettèrent vivement, tant à cause de ses bonnes qualités que de la situation critique où sa mort laissait le royaume. D-t.


ALEXANDRE JAGELLON, roi de Pologne, troisème fils de Casimir IV, succéda à son frère Jean Albert, en 1501, étant grand-duc de Lithuanie, ce qui lui fit donner la préférence sur Ladislas, roi de Bohème, son concurrent. La diète, et les grands se décidèrent en faveur d’Alexandre, dans l’espoir d’éteindre les haines si funestes à la Lithuanie et à la Pologne, en formant un même corps politique de deux peuples si longtemps rivaux. En effet, les Lithuaniens, flattés de voir la couronne replacée sur la tête de leur duc, consentirent à la réunion des deux États, à condition néanmoins qu’ils auraient, ainsi que les Polonais, droit de suffrage à l’élection des rois de Pologne. Le nouveau roi commença son règne par une perfidie : au lieu de secourir comme allié Seid Ahmed, dernier kan du Kaptchak (voy. Menghely Gheraï), il se saisit de ce prince, contre le droit des gens, et le retint prisonnier. Les historiens polonais prétendent au contraire que le kan du Kaprchak voulait trahir le roi de Pologne. Quoi qu’il en soit, le sénat, de son côté, respecta peu la bonne foi et la justice pendant le règne d’Alexandre, qui avait abandonné les rênes du gouvernement à Gliuski. Ce favori fit, de son faible monarque, l’instrument de ses caprices et de ses vengeances. Alexandre, malade et paralytique, touchait à ses derniers moments, lorsqu’il apprit que les Tatars venaient d’être taillés en pièces par l’armée polonaise sur les bords du Niémen : il n’eut que le temps de témoigner sa joie, en levant les yeux et les mains au ciel, et il expira à Wilna, le 19 août 1506, à 45 ans. Ce prince, taciturne et mélancolique, indolent et faible, fastueux sans magnificence, et prodigue sans être généreux. régna 14 ans en Lithuanie et 5 ans en Pologne ; il eut pour successeur Sigismond Ier. B-p.


ALEXANDRE (Benoit-Stanislas), fils de Jean Sobieski, roi de Pologne, naquit à Dantzick, en 1677. Donnant l’exemple d’une contradiction singulière, il se mit, en 1697, sur les rangs des prétendants à la couronne de Pologne. et la refusa, en 1704, lorsque Charles XII la lui offrit. Le motif de ce refus était l’exclusion qu’on avait donnée à son frère aîné ; mais, à la diète de 1697, il fut un des concurrents les plus actifs de ce même frère. Ce prince versatile mourut à 37 ans, à Rome, où il s’était jeté dans la dévotion ; il avait pris, un peu avant sa mort, l’habit de capucin. Le pape le fit enterrer avec pompe, aux dépens de la chambre apostolique. B-p.


ALEXANDRE (Paulowitz), empereur de Russie, était fils aîné de Paul Ier et de Marie Fédérowna sa seconde femme. (Voy. Marie.) Il naquit à Pétersbourg, le 13 décembre 1777[1]. Bien que d’une constitution forte en apparence, et d’une taille élevée, ce prince fut dans sa première jeunesse d’une santé délicate. Sa grand-mère, Catherine II, qui le

  1. Cette année fut remarquable par l’inondation qui fit périr dans les casemates de la forteresse de St-Pétersbourg la princesse Tarrakanoff, fille de l’impératrice Élisabeth et du comte Razumofki. (Voy. Tarrakanoff.)