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Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 1.djvu/461

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ALE

par Thomas de Kent, n" 7190-6, ou fonds de la Vallière, no 2702, in-fol. parvo :

D’un bon livre latin cest translatement…
Qui mun non demande, Thomas ai non de Kent…

Cet ouvrage curieux est écrit dans le langage français introduit en Angleterre par Guillaume le Conquérant, langage déjà corrompu par le mélange de l’ancien idiome normand, et qui s’altéra encore par celui de l’anglo-saxon. Il paraît que Thomas de Kent n’a fait qu’achever cette branche qui aurait été commencée par un autre poëte ; du moins la citation suivante, qui se trouve au folio 44, verso du Ms., le fait-elle présumer : La conclusion del livre Alixandre et de mestre Eustace qui translata l’eivre ; mais on ne sait si cet Eustache est le même que l’auteur du roman du Brut, ou celui à qui l’on doit le roman du Rou. 4" La Vengeance d’Alexandre, c’est-à-dire la vengeance que son fils Alliénor tira de mort, par Jehan le Venelais, que Fauchet et ses copistes ont appelé li Nivelois. 5o Le Vœu du Paon, qui contient trois branches, savoir : les Accomplissements des Vœux du Paon, les Mariages et le Restor (rétablissement) du Paon, Ms., fonds de la Vallière, no 2703, in-fol., et 2704, in-4o. Cette dernière partie est de Jehan Brise-Barre, qui mourut vers 1330. Les autres écrivains qui ont contribué à cette collection sont : Guy de Cambray, Simon de Boulogne. surnommé le Clerc (le savant, le lettré), Jacques de Longuyon et Jehan de Motelee ; mais les Mss. n’indiquent pas la partie dont chacun d’eux fut l’auteur. Le roman d’Alexandre fut ainsi l’ouvrage des poêtes les plus fameux du 13e siècle. Les premières parties parurent de 1180 à 1210. Quelques écrivains ont avance que l’Alexandriade était traduite ou imitée de Quinte-Curce, de la vie du conquérant macédonien attribuée à Callisthènes, et de l’Alexandrine de Gauthier de l’Isle-Chatillon. Les vers suivants, sur lesquels ils fondent leur assertion, indiquent seulement que le sujet du poëme est tire des historiens latins :

La verté de l’histoir’ si connu’ li roi la fist,
Un clers de Chateautluu Lambert Licors l’escrit,
Qui de latin la trest et en roman la mist.

D’ailleurs, lorsqu’on lit cet ouvrage, il est facile de reconnaître tout d’abord que c’est dans l’histoire contemporaine que les poëtes ont le plus souvent puisé leurs inspirations ; les sentiments, les usages, les mœurs, les institutions, les faits eux-mêmes portent l’empreinte du moyen âge ; un grand nombre de passages contiennent des allusions flatteuses aux événements des règnes de Louis VII et de Philippe-Auguste. Ce poème est très-bien écrit pour le temps où il parut ; il renferme un assez bon nombre de vers harmonieux et pleins de sens ; les descriptions en sont animées, les récits naturels ; mais ces beautés ne se rencontrent, en général, que dans la première partie ; le style des continuateurs est lâche, faible et languissant. Le roman d’Alexandre obtint un grand succès à la cour de France ; sa renommée s’étendit en peu de temps hors du royaume, et il ne tarda pas à être traduit en italien et en espagnol. Au 15e siècle, il fut mis en prose par Jehan Fauquelin, dont le travail fut imprimé au 16e sous ce titre : Histoire du très-noble et très-vaillant roi Alexandre le Grant, jadis roi et seigneur de tout le monde, avec les grandes prouesses qu’il a faites en son temps, Paris, chez Jehan Bonfons, in-4o, goth., sans date. Ce roman n’a jamais été imprimé en entier. Legrand d’Aussy en a donné une notice assez détaillée mais peu fidèle. R-t.


ALEXANDRE, dit Celesinus, Sicilien, était abbé du monastère de St-Sauveur de Ceglio, dans le 12e siècle, du temps de Roger, roi de Sicile. Il a écrit l’histoire de la vie et du règne de ce prince en 10 livres latins, que Dominique de Portonari a publiés à Saragosse en 1578. On la trouve encore dans le tome 10 du recueil de Grævius, dans le tome 5 de la collection de Mutatori, et dans le 3e volume de l’Hispania illustrata, d’André Schott et Pistorius. C. T-y.


ALEXANDRE (Guillaume), écrivain politique et poëte écossais du 17e siècle, a publié un poëme intitulé Aurora, et plusieurs tragédies. Charles Ier lui donna la Nouvelle-Écosse pour y établir une colonie. Alexandre la céda à la France… Il fut fait successivement chevalier, baronnet, vicomte, comte, et remplit les fonctions de secrétaire d’État en Écosse, jusqu’à sa mort, en 1640. Quelques années après, on donna une édition de ses œuvres poétiques, en un vol. in-fol. C. T-y.


ALEXANDRE, ou ALEXANDER AB ALEXANDRO. Voyez Alessandro.


ALEXANDRE (Noel), savant historien ecclésiastique de l’ordre de St-Dominique, né à Rouen, en 1639. Il fut nommé docteur en Sorbonne, professa pendant douze ans la philosophie et la théologie, et obtint le titre de provincial en 1706. Zélé partisan des doctrines jansénistes, il fut exilé à Châtellerault en 1709, et privé plus tard de sa pension sur le clergé, pour avoir lutté avec persévérance contre la bulle Unigenitus, et souscrit le fameux Cas de conscience. Des travaux trop assidus le privèrent de la vue sur la fin de sa carrière. Il mourut en 1724. Le P. Alexandre joignait à une profonde érudition toutes les vertus d’un parfait religieux. Ses sentiments sur le jansénisme ne l’empêchèrent pas de conserver jusqu’à la fin l’estime de Benoit XIII, qui ne l’appelait que son maître, des cardinaux les plus savants de la cour romaine, et des plus illustres prélats de l’Église de France. La faculté de théologie, en reconnaissance de l’honneur qu’il lui avait fait par ses doctes écrits, voulut assister en corps à ses funérailles. Choisi par M. Colbert pour être du nombre des habiles professeurs charges d’instruire son fils, depuis archevêque de Rouen, il puisa dans les conférences qui eurent lieu pour cet objet l’idée de son Histoire Ecclésiastique, publiée en 24 volumes in-8o, depuis 1676 jusqu’en 1686. Cet ouvrage en était au 4e siècle, lorsque l’éditeur de Paris fut instruit que le docteur le Fèvre faisait imprimer à Rouen des Animadversions. Craignant qu’elles ne nuisissent au débit de l’Histoire, il remboursa tous